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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 09:36

Convivialité, chaleur et culture». Tels sont les maîtres mots qualifiant le nouveau café littéraire qui vient d’être inauguré. Il s’agit de la belle et bonne initiative de Ahmed Madi, directeur des Editions Dar El Hikma. Il s’agit du Café littéraire Dar El Hikma, sis au siège de l’Union des écrivains algériens, au 88, rue Didouche Mourad à Alger.

Un espace de plus est toujours un adjuvant pour la culture proprement dite. Aussi, le Café littéraire Dar El Hikma se veut être un endroit, une tribune, un espace, un cercle des poètes pas disparus mais retrouvés. Un petit coin de florence et de liberté. Et ce, dans un cadre agréable sacré et consacré à la culture dans sa dimension pluridisciplinaire, riche, arabophone, francophone, anglo-saxonne et voire universelle. «C’est un espace culturel ouvert à tout le monde sans exception aucune, œuvrant pour la culture algérienne et universelle…», nous confiera Ahmed Madi.Ainsi, avant-hier après-midi, l’insigne honneur d’étrenner le tout premier Café littéraire Dar El Hikma est revenu au journaliste et critique de théâtre, Samir Meftah, à l’issue de la parution du  texte théâtral intitulé Le Miroir aux éditions Dar El Abakira (mars 2001). C’est devant un aréopage constitué de journalistes, d’hommes de culture et d’anonymes férus de culture que Samir Meftah a présenté son texte Le Miroir. Une lecture de 25 minutes, tableau par tableau, suivie d’un débat instructif autour du théâtre et de la «trame» de cette pièce.

«L’histoire du Miroir se passe dans un hôpital psychiatrique. C’est un microcosme de la société, où la prophétie le dispute à l’aliénation…», expliquera Samir Meftah. Le Miroir est un questionnement, un questionnaire philosophique, dialectique où se «téléscopent» cacophonie des médias, changement et autres réformes, prosodies et allitérations poétiques. Et puis, la quête initiatique de la vérité vraie jurant avec les «nouveaux prophètes». Ce qui est sûr, dans le trait cursif de Samir Meftah, c’est qu’il y a une inspiration de Paolo Coelho (L’Alchimiste) et surtout sa fameuse pierre de touche. Samir Meftah se dit inspiré par William Shakespeare !

El Watan

 

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 19:05

Le poète, journaliste et écrivain algérien, Hamid Skif, l’auteur de La Géographiedu danger, est décédé vendredi à 5h du matin dans un hôpital de Hambourg (Allemagne), des suites d’une longue maladie. Il allait avoir 60 ans dans quelques jours. Il sera rapatrié cette semaine à Alger.

 

Hamid Skif  n’est pas un poète disparu. Au contraire, un menestrel, un trouvère retrouvé aimant taquiner les Muses de par un souffle poétique et cursif contemporain et humainement investi de valeurs cardinales universelles. La preuve ! Dans son œuvre phare, primée et saluée-lauréat du prix du roman francophone 2007- La Géographiedu danger, Hamid Skif, semble revendiquer haut et fort son statut d’écrivain universel et ce,  à travers la voix de son personnage( un sans-papier, un harraga) : « Je suis turc, arabe, berbère, iranien, kurde, gitan, cubain, bosniaque, albanais, roumain, tchétchène, mexicain, brésilien ou chilien au gré des nécessités. J'habite les lieux de ma métamorphose… ». Un citoyen du monde ! 

 

De son vrai nom Mohamed Benmebkhout, Hamid Skif est issu d’une  famille de commerçants originaires de Bou-Saâda, plus précisément de Ain Rich.  Il est né à Oran le 21 mars 1951. Il est marqué dans sa jeunesse par un arrière-oncle, premier speaker francophone de Radio-Baghdad dans les années 1930 et l'un des fondateurs de l’ « Organisation secrète » chargée par le MTLD de préparer la Révolution algérienne de 1954.

 

Hamid Skif fait ses études au lycée Ibn Badis d'Oran. Il rejoint en 1968 le « Théâtre de la Mer » qui s'installe l'année suivante à Alger et se nommera l´« Action culturelle des Travailleurs » quand Kateb Yacine y intégrera son activité.

 

En 1971 Hamid Skif fera partie, aux côtés notamment de Youcef Sebti, Abdelhamid Laghouati ou Djamel Imaziten, des poètes réunis en 1971 par Jean Sénac pour son anthologie de la jeune poésie algérienne de graphie française et anime en 1972 les soirées poétiques du « Mouggar » . Il participera à la rédaction de l'hebdomadaire « Révolution Africaine » puis, de retour à Oran, travaille au quotidien « La République » .

 

Il fut arrêté en 1973 pour la publication d'un reportage sur les mauvais traitements infligés aux citoyens puis muté en 1974 à Alger par mesure disciplinaire pour avoir refusé la liquidation du journal. Il refuse alors de prendre la direction de la revue littéraire « Promesses » fondée par Malek Haddad et rejoint l´ONCIC (Office National du Commerce et de l´Industrie Cinématographique) qu'il quitte en 1975 pour le siège de l´agence Algérie Presse Service à Ouargla.  Il sera nommé en 1978 responsable de l´APS à Oran et est 3e lauréat du Grand prix national du scénario avec Une si tendre enfance  dont la télévision algérienne juge le scénario contre-révolutionnaire. La presse lui refuse simultanément la publication de nouvelles qualifiées de « dangereuses ».

 

En 1979 Hamid Skif publie à Malaga (Espagne) Pais de larga pena » (d'après le titre d'un poème de Mostefa Lacheraf), anthologie bilingue de poésie algérienne réalisée en collaboration avec Emilio Sola.  Hamid Skif participera activement, à cette époque, à l´animation de la vie culturelle oranaise aux côtés du sociologue Abdelkader Djeghloul.  En 1984, il s’installera à Tipaza.  Il quittera  en 1990 l´APS pour fonder l´hebdomadaire économique « Perspectives ».  Il participera  en 1992 à la création de l´ « Association des Journalistes Algériens.

 

Il subit en 1993 et 1994 deux tentatives d'assassinat à Tipaza, tandis que sont tués, parmi les premiers, Tahar Djaout et Youcef Sebti.  En 1995-1996 Hamid Skif séjourne quatre mois au Heinrich Böll Haus et s'installera en 1997 à Hambourg en « transit temporaire » selon ses mots, animant des lectures et des conférences en Allemagne, en Autriche et en France. Il reçoit une bourse du Pen Club allemand dans le cadre du programme « Écrivains en exil».

 

Publiant régulièrement romans et poèmes, il préparera  un ouvrage sur le peintre Abdelkader Guermaz qu'il a connu dans sa prime enfance. La Géographiedu danger  a été adaptée par le chorégraphe Hamid Ben Mahi, de par une approche urbaine, corporelle et scénique. "La voix de Hamid Skif est de celles qu'on préférerait ne pas entendre car elles sont trop émouvantes et trop proches. » soulignera  Der Spiegel. Une épitaphe ! Ce n’est pas un poète disparu mais retrouvé !

El Watan

 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 07:53

Né le 8 mars 1913 dans le village de Tizi-Hibel (ancienne commune mixte de Fort-National), son nom est Aït-Chabane, Feraoun étant le nom attribué par l'état-civil français. Il fréquente l'école de Tizi-Hibel à partir de l'âge de 7 ans.

 

En 1928, il est boursier à l'Ecole Primaire Supérieure de Tizi-Ouzou. Il entre à l'Ecole Normale de Bouzaréa en 1932 où il fait la connaissance d'Emmanuel Roblès. De retours en kabylie, il enseigna à Taourirt Aden ( Mekla) puis à Tizi Hibel . En 1946, il est muté à Taourirt-Moussa. En 1952, il est nommé directeur du Cours Complémentaire de Fort-National. En 1957, nommé directeur de l'Ecole Nador de Clos-Salembier, il quitte la Kabylie pour les hauteurs d'Alger.

En 1951, il est en correspondance avec Albert Camus, le 15 juillet, il termine La terre et le sang récompensé en 1953 par le prix populiste.

En 1960, il est Inspecteur des Centres Sociaux à Château-Royal près de Ben-Aknoun. Avec cinq de ses collègues, c'est là qu'il est assassiné par l'OAS le 15 mars 1962 à quatre jours du cessez-le-feu. Mouloud Feraoun a commencé son premier roman autobiographique Le fils du pauvre en 1939 ; il n'est publié qu'en 1950 à compte d'auteur. Ce n'est qu'en 1954 que Le Seuil le publie expurgé des 70 pages relatives à l'Ecole Normale de Bouzaréa.

Les éditions du Seuil publient, en 1957, Les chemins qui montent, la traduction des Poèmes de Si Mohand étant éditée par les Editions de Minuit en 1960. Son Journal, rédigé de 1955 à 1962 est remis au Seuil en février 1962 et ne sera publié qu'après sa mort.

 

ŒUVRES


- Le fils du pauvre (1950) roman
- La Terre et le sang (1953) roman
- Les Chemins qui montent (1957) roman
- Les Poèmes de Si Mohand (1960) recueil de poésie
- Journal (1962)
- Jours de Kabylie (1968)
- Lettres à ses amis (1969) correspondance
- L'Anniversaire (1972) roman inachevé
- L’Entraide dans la société kabyle étude ethnographique

- La cité des roses ( oeuvre, éditée à titre posthume )

 

 

ETUDES SUR MOULOUD FERAOUN

- Anthologie de la littérature algérienne (1950-1987), introduction, choix, notices et commentaires de Charles Bonn, Le Livre de Poche, Paris, 1990 (ISBN 2-253-05309-0)
- Mouloud Feraoun, une voix en contrepoint , Christiane ACHOUR
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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 07:34

C’est un bout de femme au grand cœur qui demeure toujours au centre des préoccupations des jeunes et des femmes qui vivent en difficulté.

 Exposition des œuvres de Djamila Ababsia

Le regard de l’artiste Djamila Ababsia demeure orienté vers ces êtres vulnérables. «Hommage à ma mère», tel est le thème de son exposition qui s’achève le 19 mars au niveau de la bibliothèque urbaine de Tipasa, située à proximité du lycée et de la radio locale de Tipasa. Une quarantaine de toiles sont «achalandées» dans la salle de lecture. Djamila Ababsia, épouse de Djamakebir, traduit ses révoltes à travers son pinceau. Son style camaïeu se veut d’abord un porte-parole de ces enfants et de ces femmes qui vivent dans le malheur. Djamila, précisons-le, est la directrice de l’école primaire El-Ghazali à El Mouradia (Alger). Emotive, choquée par les souffrances des femmes et des enfants, de surcroît timide, Djamila Ababsia met en exergue des couleurs sombres et dégradées pour dénoncer l’esclavage des enfants et la violence envers les femmes qui se retrouvent à la rue, pour mettre à nu l’hypocrisie et le silence des couples.

Les visiteurs, qui se rendent à cette exposition, ne seront nullement indifférents envers ses toiles exposées, des silhouettes aux formes berbères, pharaoniques et africaines se dégagent de ses œuvres. Ils doivent piocher dans leurs têtes pour interpréter les multiples formes reflétées dans ses toiles.  «Des signes qui reviennent systématiquement», nous dit-elle. «Sincèrement, ce n’est pas prémédité de ma part, ajoute-t-elle, peut-être que mes sujets sont tabous et ne plaisent pas à tout le monde.» Elle relate l’amère réalité dans ses couleurs qui changent insensiblement vers les couleurs moins joyeuses qui sont produites sur ses œuvres. Le rêve, la survivance, la nostalgie brisée, le mensonge, l’évasion, la patience, le chagrin, le sanglot, l’amour, la séparation, la jalousie, l’apocalypse, la manipulation, l’inquiétude et la quête de l’identité sont les quelques thèmes des toiles exposées.

Chacune de ses œuvres est l’histoire réelle d’un enfant ou d’une femme que l’artiste peintre tente d’expliquer à ses visiteurs. «C’est quand je me retrouve dans tous mes états, après avoir vu ou assisté à des scènes de misère sociale et de violence envers mes compatriotes, que je me mets à dessiner», nous confie-t-elle. Parallèlement à son art, Djamila Ababsia, directrice de l’école, organise des séances de peinture en plein air pour ses écoliers, une manière pour elle de perpétuer l’amour envers la peinture, afin de permettre l’expression civilisée de ses idées et de son regard sur la société.

El Watan

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 09:03

Le dernier roman de Nassira Belloula Visa pour la Haine, paru aux éditions Alpha en 2008, mérite doublement qu’on s’y attache, pour l’histoire incroyable qui s’y raconte, l’écriture passionnante et forte et cette fin si inattendue du roman. D’emblée, dès l’incipit, le ton est donné, dynamique et rude : «Octobre 2004, New York, la rue s’allonge dans une blancheur effrayante, s’étirant dans le néant. Je ne sais plus où j’en suis. Je sens que la mort rôde, collée à moi comme du vomi. Cette violence que le vent fait naître comme une douleur compulse mes sens. Voilà des heures que je promène un regard obstiné, qui se dilate comme un œil progressif devant les feux des voitures qui éclaboussent mon espace… »

Relire Nacera Beloula

Le roman, en un flashback captivant, nous fait traverser Bab El-Oued, Ouled Allal et Sidi Moussa, les maquis de Chréa pour se retrouver confrontés au terrorisme international, les caches en Afghanistan, en passant par les camps d’entraînement à Karachi (Pakistan) et les bombardements américains en Irak, mais aussi la Syrie, Le Caire et enfin New York où la vie du personnage principal, Noune, s'écroule. Durant ce périple international, Noune va partager le sort des femmes musulmanes, celui des opprimés, haïssant les puissances occidentales qui sévissent en Irak, apprenant le maniement des armes, trouvant l’amour dans les bras de son instructeur, pourtant, la vérité qu’elle découvre l’horrifie, luttant contre un chef islamiste, terriblement rusé et cultivé.

Mais revenons au début de l’histoire, et c’est celle d’une adolescente au prénom original de Noune qui croque la vie à pleines dents dans ce quartier de Bab-El-Oued avec l’insouciance de ses quatorze ans. Elle s’accroche jalousement aux photos des chanteurs orientaux collées sur ses murs et s’écroule sous des soupirs en lisant des romans d’amour. La hantise de Noune, sa seule hantise, est de ne pouvoir poursuivre sa scolarité, d’être enfermée à la maison, d’être mariée de force. Ses ambitions sont à la limite de sa volonté. Or, ce qu’elle ne pouvait pas prédire, c’est la déferlante terroriste qui va s’abattre sur le quartier de Bab-El-Oued, envahissant chaque ruelle, chaque bâtiment, chaque maison, chaque famille, emportant le tout dans une violence inouïe. Peut-être que certains vont dire «encore un livre sur le terrorisme ». Cela n’a rien à voir ; Nassira Belloula s’est inspirée, certes largement, des années d’enfer que nous avions traversées, mais ce roman est d’une écriture simple, poétique, romanesque, et le personnage créé par elle est un personnage fort et attachant, un roman qui s’inscrit dans la lignée des grands textes romanesques et non pas dans un quelconque prétexte graphique. Une jeune femme pleine de ressources dont le parcours imaginaire et incroyable va nous plonger dans une extraordinaire histoire. Lorsque la violence pénètre dans la famille de la jeune fille par le biais de ses frères, tous fanatisés par l’extrémisme, et par ses deux sœurs, elle pensait y échapper encore. Puis, il y a le mariage de sa sœur Souha avec un «émir» féroce qui après la mort de Souha va entraîner la jeune Noune dans l’aventure islamiste. Celle-ci avait juré à sa sœur mourante qu’elle prendrait soin de son bébé, à qui elle n’a pas eu le temps de donner un nom et qui sera prénommé donc Hanouni, une promesse qui va être fatale à la jeune fille qui va se retrouver au maquis, puis en prison, bénéficiant d’une grâce (la loi de la rahma). Elle sera donc remise en liberté, avec le lourd fardeau d’un passé de terroriste, elle qui n’avait fait que se défendre et tenter de se préserver.

Ce passé va faire d’elle une «héroïne» pour certains, ceux qui vont l’endoctriner davantage et faire d’elle cet agent inespéré, fidèle jusqu’au sacrifice final et total. Pour ceux qui ont perdu des enfants dans ce conflit, elle est «maudite». Cette marginalisation va hâter ses choix, elle qui a vécu la violence extrême dans sa chair : sa mère devenue folle, son père égorgé dans les escaliers à cause de son alcoolisme, les frères tous disparus, l’ami d’enfance, «son amoureux» devenu un «Ninja» (commando policier) s’éloigne aussi d’elle, finalement un cercle vicieux où se mêlent alors colère, rage et haine. Si dans ce roman les femmes sont les premières victimes de cette guerre, traitées inhumainement, des esclaves sexuelles, happées par la machine terroriste, elles sont parfois partie prenante dans ce conflit qu’elles n’arrivent pas à situer ni à comprendre, juste qu’elles s’accrochent aussi à l’illusion comme les sœurs de Noune, des vieilles filles, enfermées, sans instruction, sans projet d’avenir, pensent enfin être admises dans un projet de société égalitaire, parfois n’ayant pas conscience d’être utilisées par les frères islamistes pour arriver à leurs fins. Nassira Belloula nous fait vivre le terrorisme de l’intérieur, à travers les yeux de Noune, qui, confrontée au pire, va choisir le pire.

Un roman sociologique qui pose avec acuité le danger et la destruction de l’endoctrinement, des êtres broyés par un intégrisme implacable qui profite de la misère humaine mais surtout l’échec d’une société entière confrontée à l’absence d’une réelle prise en charge sur tous les plans ; c’est l’échec d’un système qui est mis en exergue ici, tout comme le danger extrémiste. Nassira Belloula accomplit un extraordinaire pari, un travail éloquent sur la langue, un texte franc et audacieux où s’opère l’alchimie du verbe et du romanesque. Il y a certes de la révolte et de la colère, de la retenue et de la sobriété dans ce roman, il reste aussi l’un des meilleurs textes écrits ces dernières années.

Source : Le Soir d'Alégrie

 

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 08:45

Le prolifique itinéraire littéraire de Belgacem Ait Ouyahia qui, avec ce dernier titre, signe son septième roman est la preuve irréfutable  que l’on peut aisément manier la langue de Molière et se découvrir une passion pour l’écriture tout en vouant pour la médecine, avec l’esprit scientifique et cartésien que cela suppose, une admiration sans bornes puisqu’il faut rappeler que notre auteur fut professeur en médecine. Mais pour cet amoureux du style précieux de la langue française issu de l’ancienne école ,la littérature est un  héritage qui doit refléter un bagage culturel certes mais surtout véhiculer des idées .


 Notre auteur, qui a dû se délecter à traduire en tamazight les fables de La Fontaine et s’est essayé à l’écriture dramaturgique en produisant une pièce intitulée «L’allée du sang», est assurément un féru des belles lettres, un parfait francophone, mais aussi un algérien consciencieux qui semble vivre et penser au diapason des aspirations sociales les plus porteuses de projets de modernité tout en restant enracinées à des valeurs algériennes.
Ainsi campe-t-il dans ce roman  tout une panoplie de personnages qui renvoient à des époques de l’histoire qui ont marqué  par l’essence même de leur  esprit le paysage socioculturel algérien pour en définir et circonscrire les problématiques actuelles.
Le personnage de Soâd à partir duquel est construite la fiction  nous installe d’emblée dans les années 90 dans un milieu médical, un centre hospitalo-universitaire où elle termine son résidanat en orthopédie et doit effectuer en France un stage de formation qui la conduira à l’hôpital de Poissy.
Sa mère Houria, est une ancienne moudjahida qui fut infirmière dans les maquis du FLN pendant la guerre de Libération nationale, elle dirige  une clinique de maternité. Mais Houria Tehri est la fille d’une française Rosa de Rieux qui fut autrefois  enseignante en lettres et qui a épousé un certain Abderrahmane Ait Yehdi ,un officier indigène de l’armée française d’origine Kabyle dont elle est tombée amoureuse dans les années 30.
De fil en aiguille le lecteur fait des pérégrinations dans le passé lointain pour revenir au présent dans sa brûlante actualité puisque le personnage central à savoir Soâd qui, après s’être disputée avec une amie portant auparavant des tenues aguichantes décide du jour au lendemain de porter le hidjab, est comme secouée par la violence du terrorisme et part de l’autre côté de la mer.
Là-bas, elle fait la connaissance d’une partie de l’élite des médecins qui fuient le pays, toutes ces compétences intellectuelles qui ont déserté le pays menacés ou désespérés par la situation désastreuse qui prévalait pendant la décennie noire.
C’est ici précisément que se situe le nœud du roman qui raconte à travers une pléthore de personnages la désillusion de ceux qui après avoir sacrifié leur vie pour un idéal de liberté se retrouvent désenchantés dans un avenir incertain et plongés, à travers l’amère réalité de l’exil ,dans des situations précaires comme projetés hors de leurs propre pays avec leurs enfants.
Pourtant, semble répondre en filigrane l’auteur, ces nouvelles générations qui entrent en conflit latent puis frontal sont elles aussi des enfants de l’Algérie et donc le produit d’une culture plurielle savent exprimer à leur manière leur attachement patriotique.
Car le personnage de Soâd est singulier : Elle est française par filiation, elle se trouve être la petite fille de Rosa et a toutes les possibilités de quitter son pays et pourtant, elle y tient  dans son métissage culturel parce que sa personnalité et son identité restent  algériennes et qu’elle est musulmane  « Quand on la questionnait sur la situation en Algérie, elle répondait, ce que tout le monde savait, que son pays traversait une situation difficile, sans autre commentaire, sans jamais chercher une quelconque compassion surtout en son endroit, qui eût été sans fondement.
Mais tout aussi simplement, elle manquait rarement, d’une façon ou d’une autre, de faire sentir, envers et contre tout, sa fierté d’Algérienne (…)» (p83).
En France Soâd soigne un footballeur qui a la notoriété croirait-on dans ce roman d’un certain Zidane, un français d’origine maghrébine imprégné des  préceptes de l’Islam tout en étant un homme de son temps :Samy a tout de l’algérien porteur des valeurs qui ont façonné la personnalité de Soâd.
Les deux jeunes gens tombent amoureux et l’auteur donne un dénouement heureux puisque ces derniers se marient.
La seule question qui reste en suspend à la fin du roman et qui pourrait être une réponse aux questions épineuses sur lesquelles s’attarde l’auteur dans ce roman outre les passages sur quelques bon vieux proverbes kabyle et de nombreuses expressions latines, est la suivante : Est-ce que ce jeune couple quittera la France pour s’installer en  l’Algérie ? Toute la problématique est là ! Mais peut-être  réside-t-elle dans ce rapport passionnel toujours obscur entre les deux rives de la Méditerranée.

El Moudjahid

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 08:36

dorbhan.jpgLes Neuf jours de l’inspecteur Salaheddine, c’est le livre écrit par l’ancien journaliste du quotidien le Soir d’Algérie et publié à titre posthume par Arac édition, 15 ans après la mort de l’auteur. Le défunt, chroniqueur au Soir d’Algérie, est parmi les victimes de l’attentat terroriste qui avait ciblé la maison de la presse Tahar-Djaout, un certain 11 février 1996. Le roman avait été achevé en juillet 1989, presque un an après les émeutes du 5 octobre 1988. Ce sont “ces journées” que l’auteur évoque dans son livre. Une sorte de “clin d’œil symbolique à l’histoire”, comme l’a écrit dans sa préface Abdelmadjid Kaouah. Il aborde un pan de l’histoire de l’Algérie post-indépendance, une période de transition, avant que tout ne bascule. Il revient sur ces journées exceptionnelles de “façon évanescente”, exprimant ainsi l’idée qu’il se faisait des évènements populaires d’Octobre 1988. Ravi à la fleur de l’âge aux siens, Mohamed Dorbhan nous fait la surprise de revenir avec une œuvre inédite consacrant son talent et sa plume.

Liberté

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 08:17

mimouni

Cette année, pour sa 7e édition, le Colloque national sur Rachid Mimouni, qu’organise annuellement, vers la mi-février, la direction de la culture de Boumerdès, et qui s’est tenu hier à la maison de la culture, a porté sur «L’image de la femme dans le roman algérien contemporain». Une série de conférences animées par des écrivains, des enseignants universitaires et des chercheurs, était au programme de la journée. Mais, les intervenants ne se sont pas limités au thème arrêté par les organisateurs de la manifestation ni au seul auteur du Fleuve détourné. Durant la séance de la matinée, les débats se sont axés en fait sur le roman algérien en général et de Mimouni en particulier, pour reprendre son titre De la barbarie en général et de l’intégrisme en particulier.

Djilali Khellas est intervenu sur Tombéza, traçant un parallèle entre le personnage central du roman, un marginal capable de se projeter dans le futur, et l’écrivain qui, à travers son personnage, «a prédit le soulèvement du 5 octobre 1988». M. Khellas a insisté sur l’humanisme de Rachid Mimouni et son engagement en faveur d’une justice sociale. Abdelhamid Bourayou a décortiqué l’œuvre d’Abdelkader Benhadouga pour comprendre l’image que l’auteur du Vent du Sud se faisait de la femme. «En se séparant de sa première épouse, de nationalité française, juste après l’indépendance en 1962, Benhadouga a vécu un choc émotionnel qu’on retrouve dans ses cinq romans», a-t-il dit.

«Dans toute son œuvre plane l’ombre de cet amour broyé à cause d’une sorte d’inadéquation sociale induite par la nécessité pour lui de vivre dans son pays et l’incapacité de sa femme de se soumettre à un autre régime sociétal», dira-t-il. D’autres universitaires sont intervenus pour livrer des lectures d’œuvres romanesques algériennes relatives au thème du colloque et un hommage a été rendu au journaliste et syndicaliste Tahar Benaïcha. Mme Zoubida Djenas a cité Kateb Yacine pour exhorter les nombreuses jeunes filles venues des universités de Tizi Ouzou, Boumerdès, ainsi que du lycée Frantz Fanon de l’ex-Rocher noir à écrire : «Une femme qui écrit vaut son pesant de ‘‘poudre’’», disait Yacine. «Ecrivez, écrivez !», a t-elle lancé à l’adresse des nombreuses filles présentes dans la salle.

A signaler cependant qu’une ambiance administrative a déteint sur cette manifestation initiée il y a 7 ans par l’ex-directeur de la culture de la wilaya, Beki Benameur. Les deux premières ont connu un engouement particulier avec une participation très importante d’enseignants, d’écrivains et de chercheurs venus des quatre coins du pays, ainsi que de France. On se souvient que la direction de la culture de la wilaya de Boumerdès a placé, il y a 2 ans, ce colloque sous le thème «Le printemps n’en sera que plus beau», un clin d’oeil à l’une des œuvres de Mimouni. Le Printemps des organisateurs a été celui de l’élection présidentielle d’avril 2009, qui devait sceller le viol de la Constitution.

El Watan

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 08:51

Le Maghreb des Livres, organisé par la dynamique Association Coup de Soleil, a ouvert ses portes ce Samedi 05 Février et ce jusqu'à demain soir.

Maghreb-des-livres.jpg

Organisé pour la dix-septième année consécutive par l’association « Coup de soleil », le Maghreb des livres a pour objectif de mettre en valeur l’ensemble de la production éditoriale relative au Maghreb, qu’il s’agisse de littérature (roman et poésie), mais aussi d’essais, B.D., beaux-livres, etc., parus dans le courant de l’année 2010 en France, en Algérie, au Maroc et en Tunisie.

 

Il s’agit également de multiplier les espaces de réflexion à travers des débats, des rencontres et des tables-rondes.

 

Cette année, les lettres tunisiennes seront à l’honneur.

 

- Plus de 130 auteurs seront présents pour dialoguer avec leurs lecteurs et dédicacer leurs livres.

 

- Plusieurs d’entre eux dialogueront avec des lycéens d’Ile-de-France et de Provence qui ont travaillé sur leurs livres avec leurs enseignants.

 

- Des cafés littéraires, des tables-rondes, des rencontres, de courtes interviews individuelles par un journaliste, ainsi que des lectures de textespar de jeunes comédiens, rythmeront également ces deux journées.

 

- Le prix littéraire « Beur FM Méditerranée » sera remis lors de cet événement. Nous honorerons également les lauréats du prix lycéen « Coup de cœur de Coup de soleil », créé par notre section régionale du Languedoc-Roussillon. Les lettres tunisiennes étant à l’honneur, les lauréats du prix littéraire décerné depuis 3 ans par un mécène tunisien, la société d’assurance Comar, sont invités pour cette 17ème édition du MDL.

 

- A noter également, la présence de trois « espaces » originaux, l’espace-revuesl’espace-vidéo et l’espace-jeunesse.

 

- Comme chaque année, le traditionnel café maure accueillera le public avec sandwiches, boissons et pâtisseries.

 

Source : Coup de Soleil

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 11:23

 yacine-kateb.jpg

Il est des jeunes bras
Qui sont morts tendus
Vers une mer…(…)
Et ces morts qui ont bâti pour d’autres…
Et ceux qui sont partis en chantant
Pour dormir dans la boue anonyme de l’oubli.
Et ceux qui meurent toujours
Dans la gaucherie des godillots
Et des habits trop grands pour des enfants(…)
Mais les morts les plus à plaindre,
Ceux que mon cœur veut consoler,
Ceux sont les pauvres d’un pays de soleil,
Ce sont les champions d’une cause étrangère,
Ceux qui sont morts pour les autres
ET POUR RIEN ! ” 


Kateb Yacine
(in "Soliloques")

La photo est de Fatiha Hassanine.

 

La plaque commémorative se trouve sur la rue qui porte le nom de Kateb Yacine à Evry (France)

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