Né au creux des reliefs escarpés de Kabylie, Mouloud Feraoun voit le jour un jour d'hiver de 1913. Issu d'un milieu modeste, il grandit dans une Algérie encore sous le joug colonial, où l'accès à l'éducation pour les indigènes est une exception plutôt qu'une règle. Pourtant, son intelligence et sa soif de savoir le hissent parmi les meilleurs élèves. Il intègre l'École Normale de Bouzaréah et en sort instituteur, prêt à transmettre à son tour l'amour des lettres et de la connaissance.
Mouloud Feraoun n'était pas qu'un simple enseignant, il était aussi un conteur des réalités de son peuple. Sa plume, trempée dans l'encre de la vérité, dépeint avec une poignante justesse la condition des siens. "Le Fils du pauvre", son premier roman, est une fresque autobiographique touchante, où il raconte son enfance, ses combats et ses espoirs. Son écriture simple, mais vibrante, capte l'âme kabyle et la projette sur les pages, offrant un miroir aux laissés-pour-compte de la société coloniale.
Au fil des années, Mouloud Feraoun continue d'écrire. Son engagement pour la justice et la dignité se lit entre les lignes de ses ouvrages. "La Terre et le Sang", "Les Chemins qui montent",... , chaque texte est une pièce du puzzle d'une Algérie en quête d'identité et de reconnaissance. Ses romans ne sont pas juste des histoires, ce sont des cris du cœur, des témoignages bruts d'une époque où les Algériens étaient des étrangers sur leur propre terre.
Le 15 mars 1962, alors que l'Algérie est en train d'accoucher dans la douleur de son indépendance, Mouloud Feraoun est froidement assassiné par l'OAS, organisation terroriste opposée à la fin de la colonisation. Avec lui, cinq autres intellectuels algériens tombent sous les balles. Cette disparition brutale éteint une voix, mais pas l'écho de ses écrits. Son œuvre continue de vivre, d'éclairer les consciences et de résonner dans le cœur de ceux qui refusent l'oubli.
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Le Fils du pauvre (1950)
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La Terre et le Sang (1953)
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Les Chemins qui montent (1957)
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Jours de Kabylie (1960)
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Les poèmes de Si Mohand (1960 )
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Journal 1955-1962 (posthume, 1962)
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La Cité des Roses
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L'anniversaire
Mouloud Feraoun n'était pas qu'un écrivain, il était une mémoire vivante, une lumière dans la nuit de la colonisation. Son héritage, plus qu'une simple collection de livres, est un appel à la dignité et à la vérité. Tant que ses mots seront lus, il ne sera jamais vraiment parti.
Moussa Tertag