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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 08:42

souissi.jpgDans son deuxième roman, qui vient de sortir aux éditions Casbah, notre confrère Zoubir Souissi sort de l’autobiographie pour se frotter à la fiction.
Avec bonheur. Sur plus de 400 pages, il emmène le lecteur à travers les méandres de sa ville, les attentes et les petits secrets qu’on croit scellés mais qui sont connus de tous. Autour de quatre copains, l’auteur construit la trame. Tahar est le plus jeune de la bande, il a 17 ans. Abdallah est le plus mature. Mokhtar est le zazou de la bande même s’il est pauvre. Malek, au caractère forgé qui a toujours le mot de la fin. Enfin, Bouguerra, falot, peureux, il est fils d’un riche commerçant qu’Abdallah prend sous sa protection mais dont Malek en fait un souffre-douleur. Sur fond de guerre, les deux communautés algérienne et française sont sur le qui-vive.
La bande en excitation. Elle veut prendre part aux manifestations populaires de 1961. Juste brandir l’emblème national. Et soudain, l’histoire s’ébranle avec l’Indépendance pour caracoler jusqu’aux années noires de la tragédie nationale. Entre-temps, la bande est dispersée : Tahar est mort en héros. Malek est enseignant, de gauche et proche du peuple, Mokhtar et Abdallah ont émigré vers la grande ville. Que reste-t-il de la bande pour construire le roman ? Alors que l’on s’y attend le moins, Souissi bâtit sa trame sur la vie de Bouguerra, le falot et le peureux. Il le suit pas à pas. C’est à ces pages que le livre devient intéressant si bien qu’il est difficile de le lâcher. Bouguerra, qui a pris la succession de son père décédé, est une réplique exacte de l’Algérien moyen, complexé, machiste, hautain, mauvais et versatile plus qu’une girouette. À force de le croquer, l’auteur nous le rend par endroits sympathique, jusqu’à le plaindre. Membre du conseil communal, le premier post-indépendance, il s’incruste au parti unique, se fait élire député dans l’Algérie du parti unique, puis dans la mairie d’obédience islamiste et enfin membre du Conseil national de transition. C’est que ce n’est pas peu. L’auteur a su rendre chaque tranche de vie de l’époque.
Dommage que la rythmique soit cassée de temps à autre par des réflexions, somme toute lassantes. Pari réussi pour notre confrère qui nous montre admirablement qu’il a une autre corde à son arc.

Caméléon, de Zoubir Souissi, roman, 414 pages, éditions Casbah, Algérie 2010

 

Liberté

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