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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 11:27

tombe sous le grenadier-copie-1Un village quelque part en Algérie. C’est un village, ordinaire qui ressemble à tous les autres villages du nord du pays.
Dans ce village, il y a, bien sûr, des habitants et des animaux domestiques. Il n’y a pas de pays sans paysans. Les villageois ont des arbres fruitiers, des champs cultivés et des animaux domestiques. Dans la forêt vivent des animaux sauvages. «C’est ici, entre monts et vaux, poules, lapins et poussins, chats, chiens, biquets, agnelets et moutons, sans oublier l’âne, cette bête de somme si utile, que j’ai vu le jour. Dans ce pâté de maisons tourné vers la montagne et encaissé dans un vallon», raconte Amar Zentar dans son nouveau roman La tombe sous le grenadier, chronique du temps qui revient, paru aux éditions Mille- Feuilles. Dans les villes, on entend des bruits de moteurs, des klaxons d’automobilistes plus ou moins pressés et des tas d’autres bruits «mécaniques». A la campagne, le coq chante, la chouette hulule et les chiens aboient (même si les caravanes ne passent plus par ici). «La nature fait bien les choses. Malgré toute l’ingratitude de l’homme à son égard. C’est ainsi qu’elle nous a gratifiés d’une vingtaine de figuiers, toutes variétés confondues par ailleurs, de trois grenadiers, de deux frênes et de trois sortes de raisin », raconte, encore, le narrateur. La vie dans ce village est rythmée par les saisons, comme dans tous les villages du monde. A la saison des poètes, «c’est un brusque sursaut. Le printemps se réveille. Symphonie des sons et des tons. Les coquelicots fleurissent et tapissent les prés. Une nuée de papillons de toutes les couleurs et de diverses dimensions, voletaient dans le ciel d’un bleu pervenche. Toute la nature bourgeonne et déroule sa nouvelle parure ». En été, «dans l’air dansant des chaudes journées, le chant rauque des cigales monte des bas-fonds vers le ciel». Ici, il y a un idiot du village, comme dans tous les petits patelins à travers le monde. Mais, «l’idiot du village n’était pas si… idiot que ça (…) il était mi-anormal, mi-lucide. Tout comme sa sœur qui ne parlait pas pour ne rien dire… Avec ce simplet ou considéré tel par tous ceux qui ne se donnaient pas la peine de l’écouter à défaut d’essayer de le comprendre, je m’entendais plutôt bien. A tel point que certains villageois, me voyant en sa compagnie, se demandaient qui de nous deux était vraiment le plus fou», écrit Zentar à la page 113, de ce roman largement autobiographique. On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien dans ce village. Ainsi, «le roi des coqs» qui battait tous ses rivaux à l’issue de combats souvent homériques a failli être sacrifié «pour une brumeuse histoire de gri-gri». Les jeunes se lancent, parfois, des défis insensés comme celui de sauter dans la rivière du haut d’un rocher. Un chien peut aussi attaquer une poule, histoire de varier son menu quotidien. Mais tout cela fait partie de la vie d’un village. «…Et puis un jour tout a basculé : les chèvres ne donnaient plus de lait, les biquets trop longtemps sevrés sont morts, les vieux rendaient l’âme un à un, les jeunes ont abandonné le village pour traverser la mer, les arbres calcinés ne repoussaient plus, les papillons ont miré vers d’autres biotopes, les grenouilles ne coassaient plus, le coq refusait de chanter, les poules de pondre des tufs…» Quelque part dans ce village, un grenadier déploie toutes ses branches «pour ne protéger qu’une seule tombe». Rien ne peut remplacer la perte d’une mère… Amar Zentar, journaliste et écrivain, est né en 1950 aux Ouadhias (Tizi-Ouzou). Il est licencié en droit à l’université d’Alger. Il a travaillé dans diverses publications publiques et indépendantes, notamment, Révolution africaine, Algérie Actualité, El Moudjahid, le Citoyen et le Courrier d’Algérie. La tombe sous le grenadier est son troisième roman, après Le but (Laphomic) et Journal d’un plumitif (Dar El-Gharb). Amar Zentar compte publier prochainement un recueil de poésie auquel il a, déjà, donné le titre de «(Dé) bris de vers».
K. B.
Roman La tombe sous le grenadier, de Amar Zentar (Ed. Mille-Feuilles).
142 pages. Année 2010.
Prix : 400 DA.

 

Source : Le Soir d'Algérie

 

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