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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 20:19

Pour ce journaliste algérien installé en France depuis les émeutes de 1988, écrire est un acte de liberté. A travers de nombreux articles, essais et nouvelles, il pose un regard critique empreint d’un profond humanisme sur l’histoire de l’Algérie, de la France et des rapports si conflictuels entre ces deux pays. S’il sait dépeindre la misère, la violence des guerres civiles en Algérie, il ne sombre jamais dans la fatalité. Yahia Belaskri croit avant tout dans la force de l’homme, la capacité des peuples à écrire leur histoire. Sa volonté se retrouve aussi dans son écriture. Yahia Belaskri se plait à rompre la linéarité de ses romans par des énumérations parfois violentes, une manière pour lui de "mettre le doigt dans la plaie" : le lecteur ne sort pas indemne de ses lectures. Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut évoque les destins tragiques d’un homme et d’une femme rattrapés par les violences religieuses et le poids de l’histoire algérienne récente : une plongée sans complaisance dans la décennie noire, ce roman lui a valu en 2011 le Prix Ouest France- Étonnants Voyageurs. En 2012, paraît Algéries 50, ouvrage qu’il co-dirige avec Elisabeth Lesne. Alors qu’on célèbre cette année le cinquantenaire de l’indépendance, confier l’écriture d’Algéries 50 à 25 écrivains, est une manière de contourner le discours officiel et de rendre le sort de l’Algérie à son peuple. Il s’agit d’un ensemble d’histoires, d’hommes et de femmes marqués par le destin de l’Algérie, qu’il s’agisse d’une terre fantasmée par des Pieds Noirs, ou des émigrés économiques, une société dont la dérive laisse sur le carreau un grand nombre de ses fils, ou bien un pays lointain pour les enfants d’Algériens nés en France. Un an après les premières révoltes du Printemps arabe, Yahia Belaskri apporte une dimension historique mais aussi humaine à ces évènements. Il n’y a pas une Algérie, mais des Algéries aux réalités multiples, et à l’histoire riche en violences : la colonisation, la Guerre d’Algérie, les guerres civiles, la misère. Pour Yahia Belaskri, l’écriture est ici un moyen de s’approprier l’histoire : "ceux qui n’ont pas les mots périssent. Ceux qui les possèdent arrivent à se reconstruire". Critique à l’égard du « grand récit » qui réduit depuis 1962 l’identité algérienne à l’arabité et à l’islam, son dernier roman souhaite rappeler la pluralité de l’Algérie. "Rappeler que ce pays (...) a été fécondé par des strates successives de populations apportant leurs cultures, leurs rites, leurs visions du monde." Racontant le destin d’un républicain andalou réfugié en 1939 en Algérie après la victoire de Franco, Une longue nuit d’absence exhume ainsi l’héritage oublié d’”Oran l’espagnole”.

Yahia Belaskri sera le 31 Mars à l'institut Français d'Oran pour debattre de son roman " Une longue nuit d'absence" à paraitre sous huitaine chez Vents d'ailleurs Editions

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