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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 09:41

yahiaouiArtiste algérien originaire d'Azefoun (Kabylie), Kamel Yahiaoui a grandi dans la Casbah d'Alger.
Très tôt, féru de poésie et de chanson chaâbi, ses prédispositions pour le dessin et la peinture
prennent le dessus et l'orientent vers l'école des Beaux-Arts d'Alger qu'il quitte avant la fin de son cursus en 1990.
L'enseignement académique qu'il y reçoit et qu'il applique avec rigueur contrarie ses préoccupations profondes.
Il finit par donner libre cours à son imagination et libère définitivement son geste et ses moyens
d'expression qu'il diversifie.
Très vite il investit des supports révélateurs de sa personnalité engagée contre l'injustice sociale
qu'il subit avec ses semblables des quartiers populaires d'Alger.
Cet engagement, il l'affirme avec force dans ses premiers travaux: La sueur des pauvres, sur les
dockers qu'il rencontre au Bain maure de Soustara où il lui arrive de passer la nuit pour faire face à la crise de logement qui sévit alors et qui touche encore aujourd'hui une grande partie de la population de la Casbah.
Suite aux événements d'octobre 1988 où plus de 400 personnes ont trouvé la mort et où des
centaines de jeunes sont arrêtés et torturés, il entame un travail contre la torture: On torture les
torturés.
Il quitte alors l'Algérie en 1990 pour s'installer en France.
Il obtient une bourse à l'école des Beaux Arts de Nantes où il consacre une année entière à son
nouvel espace d'expression.
Il évolue entre plusieurs approches plastiques et fusionne ses observations urgentes avec des objets "cadavéreux" qu'il réanime comme un chirurgien, traitant de l'environnement social et de la morphologie des survivants.
La condition humaine prend une place considérable dans son œuvre. Il dénonce sans ambiguïté
l'intégrisme qui sème la terreur en Algérie avec sa série Tragédie sur scène .
En 1994, il s'installe à Paris dans l'atelier de la rue des Thermopyles (14ème arrondissement) et
entame une longue quête sur la mémoire identitaire.
Il se positionne comme artiste africain, soulignant : « Ce n'est que le nègre en moi qui s'exprime».
Commence alors le travail sur les valises, trois séries de valises se suivent dont deux reposent sur
l'œuvre littéraire de Kateb Yacine : Mohamed reprends ta valise, La Valise un toit ambulant et très récemment Les Ancêtres redoublent de férocité.
Kamel Yahiaoui dit à bon escient de la valise «je n'en finis pas avec la valise c'est mon domicile».
Il travaille avec acharnement sur des sujets graves. Plusieurs séries d'œuvres s'enchaînent :
Spasmofolies, Les chercheurs du jour, Le square des innocents, L'homme manuscrit, L'homme et son état , Les enfants des Intifadas , La mémoire séquestrée, Les enfants soldats.
La mort de son père le conduit à l'affrontement plastique avec la mort: il réalise un travail Le linge du peuple à partir des vêtements que portait son père avant sa mort.
Sa réflexion s'oriente sur les violences raciales, coloniales et ethniques qu'il dénonce sans répit à
travers un travail mûrement réfléchi sur les déportations, hommage aux victimes de la différence et de la domination.
L'exposition Rideau d'interrogation que réalise Kamel Yahiaoui en février 2006 au Centre Culturel Algérien de Paris provoque une polémique. Kamel Yahiaoui y dénonce en effet trois grandes déportations celle des Africains par les négriers, celle des Algériens en Nouvelle-Calédonie et en Guyane après la révolte de1871 et celle des Juifs durant la seconde guerre mondiale (cf article de Harry Bellet, dans le Monde , 3 mars 2006). La série Déportation, les extincteurs de dignité est ainsi peinte sur des jerrycans d'essence datant de 1943 et 1945. L'évocation de la Shoah suscite la colère d'une partie de la presse algérienne. «il est vrai que je suis le premier artiste appartenant par éducation à la culture berbéro-arabo-musulmane à traiter de ce sujet», déclare alors Kamel Yahiaoui qui précise: «je lutte contre toutes les formes de racisme, d'antisémitisme et contre tous ceux qui minimisent la dimension universelle des génocides et la non-reconnaissance de tous les crimes contre l'humanité».
Kamel Yahiaoui persiste dans sa tache sans condition dans une lettre digne d'un manifeste contre la haine des Hommes il considère son action comme un devoir.
Incontestablement face à l'œuvre de Kamel Yahiaoui la vie a un sens, ses personnages témoignent des obscures dominations et manifestent de la résistance.
Aucune concession ne peut atteindre Kamel Yahiaoui dès qu'il s'agit de la dignité humaine il habite dans son art et invite généreusement les gens à partager.
Très affecté par les souffrances sans fin du peuple palestinien il lui a dédié une série d'œuvres Les enfants des Intifada, en 2008, il crée une installation foudroyante, La Palestinienne ainsi qu'un poème Palestine dédié aux victimes du massacre de Gaza qu'il qualifie de crime contre l'humanité.
Kamel Yahiaoui déclare «le jour où j'arrêterai l'art vous pouvez préparer mon cercueil».
Kamel Yahiaoui est aussi poète, comme beaucoup de membres de sa famille de tradition orale;
plusieurs poètes ont inspiré ses œuvres: Kateb Yacine, Ibn Arabi, Si Mohand, Mahmoud Darwich, Nabile Farès, Adonis, François Villon, Paul Eluard,Jacques Prévert et beaucoup d'autres.
El Meknassia une qacidate écrite par Sidi Qaddour el 'Alami poète Marocain et chantée par El Hadj El Anka l'a marqué au point qu'il lui consacre une installation audiovisuelle; il dit à ce propos «quand j'écoute cette plainte mon âme s'enflamme de mille feux elle est flux et reflux du cri comme cris apostrophe ».
Parmi beaucoup d'autres thème qu'il traite il persévère dans sa quête humaine «je ne fais pas de la politique je la dénonce quand elle incarne la brume» affirme Kamel Yahiaoui.
A propos d'une de ses dernières œuvres La femme objet et l'Occident désorienté, il cite un proverbe arabe «si le chameau pouvait voir sa bosse, il tomberait de honte», l'œuvre de Kamel Yahiaoui n'en fini pas de lever les voiles et on ne finit pas d'écrire,
Il vit et travaille à Paris et expose ses œuvres à travers le monde.

 

Source : Lucarne

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