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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 09:54

Dans son dernier ouvrage publié, Nabile Farès donne le ton dès le titre : Il était une fois, l’Algérie (édition Achab) nous situe déjà dans l’univers du conte. Mais il va au-delà car l’auteur, qui s’est toujours inscrit dans le dépassement de la catégorisation monochrome du monde et de la littérature et qui est motivé par un désir jamais démenti d’ouverture au multiple, ajoute en guise de sous-titre : «Conte roman fantastique».
La notion de «genre littéraire» confirme ainsi à la fois sa réalité et ses propres limites par cette référence à des genres définis d’après des propriétés littéraires différentes (conte et roman vs fantastique). L’ouvrage commence par une série d’épigraphes qui nous propulsent dans l’univers culturel de Nabile Farès. Des citations du philosophe syrien Al Ma’ari (973-1058), du poète mystique persan Rumi (1207-1273) et de l’écrivain juif Yakov Braun (1889-1937) – trois personnalités qui ont en commun l’esprit de résistance aux autorités politiques – annoncent les angoisses et les espoirs qui vont caractériser l’œuvre de Farès qui cite aussi le peintre catalan Joan Miro (1893- 1983) : «Pour découvrir un monde habitable/ Que de pourriture à balayer.» Il était une fois l’Algérieest dit et transcrit par différents personnages dont Slimane Driif, un journaliste et écrivain débutant, Linda, peintre et amie de Slimane à Paris, une psychothérapeute, et Tania, fille de Selma la disparue… Des personnages narrateurs qui sont eux-mêmes acteurs de leur propre histoire, ou, à bien des égards, acteurs malgré eux d’une Histoire dessinée par d’autres mains. Chacun, par son intervention, ses douleurs et ses rêves, veut apporter une réponse ou du moins aider à savoir : «Comment maintenir la vie contre les gouffres, les envies de nuire, de tuer, mourir, être autrement, quitter la haine, celle de soi, des autres, du monde, de la terre entière.» Slimane Driif est justement tombé dans un gouffre, «un puits» sans fond, depuis qu’il a appris la disparition de Selma, enlevée par ceux qu’on appelait dans les terribles années 1990, «terroristes» ou «encore mots opaques, incongrus, “les groupes armés” ?», des appellations que Nabile Farès reprend en les entourant de modalisations répétées pour relativiser leurs vérités, et que les Algériens ont rejetées leur préférant le néologisme de «tangos». L’auteur a donc choisi d’aborder la «Décennie noire», période dite de «guerre civile» que l’Etat algérien veut déjà effacer des mémoires pour n’en laisser qu’une fausse histoire – encore une – qu’il nomme lui-même «la tragédie nationale», c’est-à-dire une histoire de victimes sans coupables, de tués sans tueurs. En plus d’être un philosophe, Nabile Farès est psychanalyste. Il fait donc un travail d’analyste qui libère ce qui est frappé par les autorités politiques de l’interdit d’être dit. Pour comprendre la disparition – historique et littéraire – de Selma (la «Saine» en arabe), Slimane Driif se sent dans la contrainte d’enquêter pour trouver l’«épicentre » du séisme historique algérien et de ses répliques. C’est à Zemmouri, dans la ville de Boumerdès et épicentre du séisme qui avait fait plus de 2 000 morts en 2003, que le journaliste va comprendre que l’histoire algérienne est faite de violences répétées qui tirent leur racine de l’«indépendance» ratée du pays qui est, d’après la terminologie officielle, gouverné par des «architectes» incontrôlables : «Les habitants de Zemmouri et des quelques villages alentour, cités, villas embellies de Boumerdès, n’avaient jamais envisagé que leur lieu de vie, d’amour et de désamours, de richesses et de pauvreté, d’ambitions et de retraites, pouvaient s’effondrer à cause d’un séisme, de la vigilance d’un raz-de-marée, de l’imprévision de constructeurs entrepreneurs assez négligents pour ne pas s’être préoccupés d’irruptions enfouies, de mouvements peu visibles, d’indépendances obscures, de failles si anciennes, ignorées aujourd’hui par des maquettistes promus aux titres actuellement prisés d’architectes.» La remontée de Slimane vers l’«illusoire embryon d’une indépendance dite aujourd’hui moins disparue que lui» est marquée par des dates-haltes différentes par les chiffres qui les situent dans le temps et semblables par leur contenu uniforme et traumatisant : 1962, 1963, 1980, 1988, 1990, 1998, 2001, 2003… Des dates qui ont marqué l’Algérie par leurs violences, qu’elles soient humaines ou naturelles. En effet, le travail de mémoire, qui évoque l’assassinat du Premier ministre des Affaires étrangères Mohamed Khemisti, de Matoub Lounès et de Guermah Massinissa, est accompagné par un travail de métaphorisation sans répit. Et la violence du séisme de Boumerdès et des inondations d’Alger en 2001 marque le paysage algérien comme les violences militaires ont marqué les esprits : «Ce tremblement de terre et ce raz-de-marée dont les gens parlent encore aujourd’hui à cause des décombres de tout un monde qui y a été, en même temps, jeté, enseveli.» Il était une fois l’Algérie est une œuvre fantastique. Tout nous ramène à ce genre littéraire : les spectres, les Moi transparents, les temps s’interpénétrant, l’ambiguïté des perceptions, les hallucinations, la cruauté des actes et des scènes décrits dans «… une marche insensée entre les images, les pensées, les visions, les trous, les peurs, les pays, les têtes coupées, les mains coupées, les arbres, le village». Le signe fondateur de l’orientation fantastique de l’œuvre vient de cette impossibilité de nommer, ou de bien-nommer, ceux qui maintiennent l’Algérie dans une interminable nuit et que les Algériens désignent par le pronom personnel vague pour le monde et si précis dans leur esprit : «ils», pronom que Farès met en exergue : «Elle ne pouvait plus ignorer maintenant ce qu’ILS feraient sans doute sans remords, sans retenue, par amnésie.» Et quand l’auteur veut nous éclairer sur ce «ils», il parle d’«Ogres» ou d’«Ogres Humains», ces ennemis de l’enfance du monde, qui vivent dans une forêt – autre épicentre – redoutée par les villages alentour. On remarquera cependant que, par moments, la force de l’espoir fait entrer l’œuvre dans le monde du merveilleux dont le personnage embrayeur est Linda qui incarne la possibilité d’une «autre vie» et d’une «autre histoire». Nabile Farès voit dans l’Algérie d’aujourd’hui une Algérie étrange où toutes les différences auraient pu coexister, selon le message de Jean Amrouche, mais où, au lieu de cela, elles s’annihilent les unes les autres. Aussi le rythme de la lecture est-il sismique, haché malgré la calligraphie souvent ouverte par l’absence de ponctuation. Chaque mot, dans chaque énumération, authentifie une appartenance à un monde, à une histoire ; une authentification prise au dépourvu par tout ce qu’elle reconnaît, qu’elle nomme alors que chaque mot, nom, suspend, rature par sa simple profération le mot, nom, qui le précède, et qui, à peine dit, disparaît derrière celui qui le suit : «Malgré toutes les richesses que connaît actuellement ce pays – gaz, pétrole, or, argent, bazar où l’on trouve absolument “tout” ? : pièces détachées pour voiture, machine à laver, savonnettes, clous, fils de fer, colles, foulards, chaussures, paires par paires, semblables ou différentes, montres avec aiguilles ou sans, cadran horaire, vêtements, sous-vêtements, bandes dessinées, plusieurs formats de livres dont on ignore les provenances, des buvards, des cahiers, des lunettes, des brosses à dents, des poupons, des petites filles marionnettes enveloppées par différents tissus, coton, soie, fibres synthétiques, des mini-ordinateurs pour enfants… ». Il était une fois l’Algérie est certes une œuvre sombre, aussi sombre que l’histoire du pays, mais ô combien salutaire tant elle est l’œuvre d’un analyste exceptionnel, d’un poète qui a toujours été dans cette histoire dont il parle avec pudeur, sans jamais mettre en avant son propre nom. Une œuvre salutaire car elle propose des réponses à toutes celles et à tous ceux qui considèrent la violence en Algérie comme une énigme hermétique à l’interprétation et elle nous met face à notre irrationalité : «Pourquoi avoir mis tous ces enfants au monde si c’est pour les tuer par la suite ?» Ce conte roman est une œuvre qui parle d’un pays-champs de désolations et de la possibilité d’un pays apaisé et, par là, apaisant ; une œuvre qui libère cet «oiseau» resté longtemps éventré sur une pierre. Oui, cet oiseau-là aussi pourrait renaître transformé et prendre son envol dans le ciel et sous le soleil qui auront ainsi trouvé leur raison d’être. 

Ali Chibani in Le Soir d'Algérie

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 09:03

Le dernier roman de Nassira Belloula Visa pour la Haine, paru aux éditions Alpha en 2008, mérite doublement qu’on s’y attache, pour l’histoire incroyable qui s’y raconte, l’écriture passionnante et forte et cette fin si inattendue du roman. D’emblée, dès l’incipit, le ton est donné, dynamique et rude : «Octobre 2004, New York, la rue s’allonge dans une blancheur effrayante, s’étirant dans le néant. Je ne sais plus où j’en suis. Je sens que la mort rôde, collée à moi comme du vomi. Cette violence que le vent fait naître comme une douleur compulse mes sens. Voilà des heures que je promène un regard obstiné, qui se dilate comme un œil progressif devant les feux des voitures qui éclaboussent mon espace… »

Relire Nacera Beloula

Le roman, en un flashback captivant, nous fait traverser Bab El-Oued, Ouled Allal et Sidi Moussa, les maquis de Chréa pour se retrouver confrontés au terrorisme international, les caches en Afghanistan, en passant par les camps d’entraînement à Karachi (Pakistan) et les bombardements américains en Irak, mais aussi la Syrie, Le Caire et enfin New York où la vie du personnage principal, Noune, s'écroule. Durant ce périple international, Noune va partager le sort des femmes musulmanes, celui des opprimés, haïssant les puissances occidentales qui sévissent en Irak, apprenant le maniement des armes, trouvant l’amour dans les bras de son instructeur, pourtant, la vérité qu’elle découvre l’horrifie, luttant contre un chef islamiste, terriblement rusé et cultivé.

Mais revenons au début de l’histoire, et c’est celle d’une adolescente au prénom original de Noune qui croque la vie à pleines dents dans ce quartier de Bab-El-Oued avec l’insouciance de ses quatorze ans. Elle s’accroche jalousement aux photos des chanteurs orientaux collées sur ses murs et s’écroule sous des soupirs en lisant des romans d’amour. La hantise de Noune, sa seule hantise, est de ne pouvoir poursuivre sa scolarité, d’être enfermée à la maison, d’être mariée de force. Ses ambitions sont à la limite de sa volonté. Or, ce qu’elle ne pouvait pas prédire, c’est la déferlante terroriste qui va s’abattre sur le quartier de Bab-El-Oued, envahissant chaque ruelle, chaque bâtiment, chaque maison, chaque famille, emportant le tout dans une violence inouïe. Peut-être que certains vont dire «encore un livre sur le terrorisme ». Cela n’a rien à voir ; Nassira Belloula s’est inspirée, certes largement, des années d’enfer que nous avions traversées, mais ce roman est d’une écriture simple, poétique, romanesque, et le personnage créé par elle est un personnage fort et attachant, un roman qui s’inscrit dans la lignée des grands textes romanesques et non pas dans un quelconque prétexte graphique. Une jeune femme pleine de ressources dont le parcours imaginaire et incroyable va nous plonger dans une extraordinaire histoire. Lorsque la violence pénètre dans la famille de la jeune fille par le biais de ses frères, tous fanatisés par l’extrémisme, et par ses deux sœurs, elle pensait y échapper encore. Puis, il y a le mariage de sa sœur Souha avec un «émir» féroce qui après la mort de Souha va entraîner la jeune Noune dans l’aventure islamiste. Celle-ci avait juré à sa sœur mourante qu’elle prendrait soin de son bébé, à qui elle n’a pas eu le temps de donner un nom et qui sera prénommé donc Hanouni, une promesse qui va être fatale à la jeune fille qui va se retrouver au maquis, puis en prison, bénéficiant d’une grâce (la loi de la rahma). Elle sera donc remise en liberté, avec le lourd fardeau d’un passé de terroriste, elle qui n’avait fait que se défendre et tenter de se préserver.

Ce passé va faire d’elle une «héroïne» pour certains, ceux qui vont l’endoctriner davantage et faire d’elle cet agent inespéré, fidèle jusqu’au sacrifice final et total. Pour ceux qui ont perdu des enfants dans ce conflit, elle est «maudite». Cette marginalisation va hâter ses choix, elle qui a vécu la violence extrême dans sa chair : sa mère devenue folle, son père égorgé dans les escaliers à cause de son alcoolisme, les frères tous disparus, l’ami d’enfance, «son amoureux» devenu un «Ninja» (commando policier) s’éloigne aussi d’elle, finalement un cercle vicieux où se mêlent alors colère, rage et haine. Si dans ce roman les femmes sont les premières victimes de cette guerre, traitées inhumainement, des esclaves sexuelles, happées par la machine terroriste, elles sont parfois partie prenante dans ce conflit qu’elles n’arrivent pas à situer ni à comprendre, juste qu’elles s’accrochent aussi à l’illusion comme les sœurs de Noune, des vieilles filles, enfermées, sans instruction, sans projet d’avenir, pensent enfin être admises dans un projet de société égalitaire, parfois n’ayant pas conscience d’être utilisées par les frères islamistes pour arriver à leurs fins. Nassira Belloula nous fait vivre le terrorisme de l’intérieur, à travers les yeux de Noune, qui, confrontée au pire, va choisir le pire.

Un roman sociologique qui pose avec acuité le danger et la destruction de l’endoctrinement, des êtres broyés par un intégrisme implacable qui profite de la misère humaine mais surtout l’échec d’une société entière confrontée à l’absence d’une réelle prise en charge sur tous les plans ; c’est l’échec d’un système qui est mis en exergue ici, tout comme le danger extrémiste. Nassira Belloula accomplit un extraordinaire pari, un travail éloquent sur la langue, un texte franc et audacieux où s’opère l’alchimie du verbe et du romanesque. Il y a certes de la révolte et de la colère, de la retenue et de la sobriété dans ce roman, il reste aussi l’un des meilleurs textes écrits ces dernières années.

Source : Le Soir d'Alégrie

 

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 08:45

Le prolifique itinéraire littéraire de Belgacem Ait Ouyahia qui, avec ce dernier titre, signe son septième roman est la preuve irréfutable  que l’on peut aisément manier la langue de Molière et se découvrir une passion pour l’écriture tout en vouant pour la médecine, avec l’esprit scientifique et cartésien que cela suppose, une admiration sans bornes puisqu’il faut rappeler que notre auteur fut professeur en médecine. Mais pour cet amoureux du style précieux de la langue française issu de l’ancienne école ,la littérature est un  héritage qui doit refléter un bagage culturel certes mais surtout véhiculer des idées .


 Notre auteur, qui a dû se délecter à traduire en tamazight les fables de La Fontaine et s’est essayé à l’écriture dramaturgique en produisant une pièce intitulée «L’allée du sang», est assurément un féru des belles lettres, un parfait francophone, mais aussi un algérien consciencieux qui semble vivre et penser au diapason des aspirations sociales les plus porteuses de projets de modernité tout en restant enracinées à des valeurs algériennes.
Ainsi campe-t-il dans ce roman  tout une panoplie de personnages qui renvoient à des époques de l’histoire qui ont marqué  par l’essence même de leur  esprit le paysage socioculturel algérien pour en définir et circonscrire les problématiques actuelles.
Le personnage de Soâd à partir duquel est construite la fiction  nous installe d’emblée dans les années 90 dans un milieu médical, un centre hospitalo-universitaire où elle termine son résidanat en orthopédie et doit effectuer en France un stage de formation qui la conduira à l’hôpital de Poissy.
Sa mère Houria, est une ancienne moudjahida qui fut infirmière dans les maquis du FLN pendant la guerre de Libération nationale, elle dirige  une clinique de maternité. Mais Houria Tehri est la fille d’une française Rosa de Rieux qui fut autrefois  enseignante en lettres et qui a épousé un certain Abderrahmane Ait Yehdi ,un officier indigène de l’armée française d’origine Kabyle dont elle est tombée amoureuse dans les années 30.
De fil en aiguille le lecteur fait des pérégrinations dans le passé lointain pour revenir au présent dans sa brûlante actualité puisque le personnage central à savoir Soâd qui, après s’être disputée avec une amie portant auparavant des tenues aguichantes décide du jour au lendemain de porter le hidjab, est comme secouée par la violence du terrorisme et part de l’autre côté de la mer.
Là-bas, elle fait la connaissance d’une partie de l’élite des médecins qui fuient le pays, toutes ces compétences intellectuelles qui ont déserté le pays menacés ou désespérés par la situation désastreuse qui prévalait pendant la décennie noire.
C’est ici précisément que se situe le nœud du roman qui raconte à travers une pléthore de personnages la désillusion de ceux qui après avoir sacrifié leur vie pour un idéal de liberté se retrouvent désenchantés dans un avenir incertain et plongés, à travers l’amère réalité de l’exil ,dans des situations précaires comme projetés hors de leurs propre pays avec leurs enfants.
Pourtant, semble répondre en filigrane l’auteur, ces nouvelles générations qui entrent en conflit latent puis frontal sont elles aussi des enfants de l’Algérie et donc le produit d’une culture plurielle savent exprimer à leur manière leur attachement patriotique.
Car le personnage de Soâd est singulier : Elle est française par filiation, elle se trouve être la petite fille de Rosa et a toutes les possibilités de quitter son pays et pourtant, elle y tient  dans son métissage culturel parce que sa personnalité et son identité restent  algériennes et qu’elle est musulmane  « Quand on la questionnait sur la situation en Algérie, elle répondait, ce que tout le monde savait, que son pays traversait une situation difficile, sans autre commentaire, sans jamais chercher une quelconque compassion surtout en son endroit, qui eût été sans fondement.
Mais tout aussi simplement, elle manquait rarement, d’une façon ou d’une autre, de faire sentir, envers et contre tout, sa fierté d’Algérienne (…)» (p83).
En France Soâd soigne un footballeur qui a la notoriété croirait-on dans ce roman d’un certain Zidane, un français d’origine maghrébine imprégné des  préceptes de l’Islam tout en étant un homme de son temps :Samy a tout de l’algérien porteur des valeurs qui ont façonné la personnalité de Soâd.
Les deux jeunes gens tombent amoureux et l’auteur donne un dénouement heureux puisque ces derniers se marient.
La seule question qui reste en suspend à la fin du roman et qui pourrait être une réponse aux questions épineuses sur lesquelles s’attarde l’auteur dans ce roman outre les passages sur quelques bon vieux proverbes kabyle et de nombreuses expressions latines, est la suivante : Est-ce que ce jeune couple quittera la France pour s’installer en  l’Algérie ? Toute la problématique est là ! Mais peut-être  réside-t-elle dans ce rapport passionnel toujours obscur entre les deux rives de la Méditerranée.

El Moudjahid

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 08:51

Amel Bachiri est une jeune journaliste, poète et romancière algérienne établie aux Emirats arabes unis depuis douze ans. Elle vient de publier aux éditons El Beyt à Alger,  Fitnatou Al mâa (La séduction de l’eau). Une histoire qui ressemble à une légende, celle de deux frères, dont l’un tue froidement l’autre. De retour de «l’exil», l’assassin élimine son frère pour posséder sa maison. Amel Bachiri est auteure de plusieurs romans et recueils de poèmes.

bachiri.jpg

 
- Fitnatou  Al mâa est un roman court qui porte un titre curieux. Ce n’est pas l’eau qui vous inspire autant, non ?


Mon texte est puisé dans le réalisme magique. Il se développe dans des ambiances imaginaires. L’histoire se déroule dans un espace pastoral où l’eau devient un trésor. Une eau rare. Je me suis inspirée de la légende. Là où le rêve se concrétise. Mais en fait, tout est lié : la magie, le rêve, les aspirations personnelles, la répression. La trame est également inscrite dans un contexte historique particulier avec l’arrivée des Portugais dans la région du Golfe. Cela dit, j’ai évité d’écrire un roman idéologique en mettant en avant le personnage du héros.


- Le réalisme magique est surtout d’essence sud-américaine, Gabriel Garcia Marquez, Carlos Fuentes…


Parfaitement. Je suis un peu influencée, car je lis la littérature sud-américaine dans sa langue d’origine, l’espagnol. J’ai visité plusieurs pays de la région comme la Colombie et Cuba. Fitnatou Al mâa  a été déjà publié à Amman, en Jordanie, aux éditions Ammoun. J’ai écrit six romans. Mon premier roman,  Safarou al khataya (Voyage des péchés) a été édité au Caire en 2004. L’histoire est inspirée par ce qu’a vécu l’Algérie durant la décennie noire. A Alger, j’ai publié aux éditions Dar Al Hikma, Al Alamou layssa bekheir (Le monde ne va pas bien), un roman qui plonge dans l’univers des prostituées. Akhirou al kalam (Les dernières paroles) est un roman que je considère comme un complément du roman de Gabriel Garcia Marquez   Memoria de mis putas tristes (Mémoire de mes putains tristes)

 

- Un complément ou une suite à cette nouvelle ?


En fait, j’ai repris les deux héros du roman de Marquez et je leur ai créé un  nouvel univers dans lequel ils vont évoluer. Akhirou al kalam a été édité au Caire. L’Institut des études orientales de Grenade vient de publier ce roman en Espagne après sa traduction. Le roman sera également publié en Argentine. J’ai aussi écrit Latousadik ma youqal  (Ne crois pas ce qui se dit), publié au Caire, et qui raconte l’histoire d’un journaliste qui vit loin de son pays natal. Actuellement, je finalise un autre roman.


- Lequel ?


Akbarou mina samaa  (Plus vaste que le ciel) qui sera bientôt publié en Egypte aussi. J’ai beaucoup travaillé sur ce texte. Le roman est pour moi une expérience d’écriture, notamment sur la narration. J’ai voulu mettre à profit mes différents voyages et «exploiter» sur le plan romanesque un personnage qui a existé dans le réel. Il s’agit de Havana, un artiste peintre qui se met à la recherche de Picasso. Il ne retrouvera pas Picasso mais se transformera en matador.


- Le roman algérien a-t-il évolué et où en est-il aujourd’hui  ?


J’ai beaucoup de réserves sur le roman algérien, qu’il soit écrit en arabe ou en français. Je parle de l’idée du roman et de la construction romanesque. Il y a beaucoup d’idéologie dans le roman algérien. Il est toujours mis dans des cadres géographiques. Aujourd’hui, les romanciers cherchent à s’adresser à l’univers. Je ne veux pas citer de noms d’auteurs mais les techniques narratives des romanciers algériens sont trop figées, basées sur la description. Dans le monde arabe, il n’existe pas de roman dominant. Le roman saoudien semble évoluer. Ce n’est ni bon ni mauvais. Il s’agit d’un roman naissant qui peut avoir un marché vaste. Bien sûr, la géostratégie de la création n’est pas loin. Globalement, je suis optimiste sur l’avenir du roman arabe. Il existe une génération composée de Yéménites, d’Egyptiens et de Maghrébins qui promettent.   

 

El Watan  

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 13:55

 

Cette lettre a été écrite par Tahar Djaout après la mort ( le 26 fevrier 1989) de Mouloud Mammeri et   publiée par la revue ( AWAL ).  Le précis des Arts et des Lettres la reproduit pour ce qu'elle a comme charge émotionnelle, et pour ce qu'elle recèle comme éléments découvrant le caractère intime  du grand ecrivain, père de la renaissance identitaire Algérienne, que fut Mouloud Mammeri.       

 

 

mameri-djaout.jpgQui peut oublier les débuts de l'année 80 ? Des hommes qui nient une partie de la culture de ce peuple (tout le monde heureusement a oublié leurs noms, car ce ne sont pas des noms que l'histoire retient) t'interdisent de prononcer une conférence sur la poésie kabyle. De partout, de Bejaia, de Bouira, de Tizi-Ouzou, la Kabylie se lève pour défendre ses poètes. Et c'est toute l'Algérie qui, peu à peu, année après année, rejettera les baillons, les exclusions, les intolérances, la médiocrité et qui un jour d'octobre descendra dans la rue pour l'affirmer en versant une fois encore son sang. Toi, l'humaniste sceptique et indépendant qui n'a jamais assené de vérité, qui n'a jamais jugé personne, tu étais, presque malgré toi, en amont d'une prise de conscience.

 

        Comme il va être dur de devoir désormais parler de toi au passé! Quelques heures après ta mort, que ta famille et tes amis ignoraient encore, un universitaire qui venait d'assister à ce colloque d'Oujda d'ou tu revenais toi aussi m'entretenait de toi. Il me disait, entre autres, que tu avais passé sept heures à la frontière; trois heures et demie du cote algérien et autant du cote marocain. En dépit de ce que tu as donné a la culture maghrébine, tu demeurais un citoyen comme les autres, un homme qui n'a jamais demandé de privilèges qui a, au contraire, refusé tous ceux qui lui ont été proposés. Depuis le prix littéraire qui a couronné ton premier roman et que tu as refusé d'aller recevoir, tu t'es méfié de toutes les récompenses parce que tu savais qu'elles demandaient des contreparties. Tu n'étais pas de ces écrivains qui voyagent dans les délégations officielles, dans les bagages des ministres ou des présidents, et qui poussent parfois le cynisme jusqu'a écrire, une fois rentrés, des articles contre les intellectuels aux ordres des pouvoirs !

 

 

           Tes rapports avec le pouvoir (tous les pouvoirs) ont été très clairs; une distance souveraine. Tu étais, au lendemain de l'indépendance, président de la première Union d'écrivains algériens. Mais le jour ou l'on était venu t'informer que l'Union allait passer sous l'autorité du Parti, tu avais remis le tablier avec cette courtoisie seigneuriale qui t'est coutumière. Tu n'acceptais aucune contrainte, aucun boulet a ton pied, aucune laisse a ton cou. Tu étais par excellence, UN HOMME LIBRE. Et c'est ce que AMAZIGH veut dire. Cette liberté t'a coûté cher. De toute façon, tu en savais le prix et tu l'a toujours accepté. Tu as été peut-être le plus persécuté des intellectuels algériens, toi l'un des fils les plus valeureux que cette nation ait jamais engendrés. Le soir ou la télévision avait annoncé laconiquement et brutalement ta mort, je ne pus m'empêcher, en dépit de l'indicible émotion, de remarquer que c'était la deuxième fois qu'elle parlait de toi; la première fois pour t'insulter lorsque, en 1980, une campagne honteusement diffamatoire a été déclenchée contre toi et la deuxième fois, neuf ans plus tard, pour nous annoncer ta disparition. La télévision de ton pays n'avait aucun document à nous montrer sur toi; elle ne t'avait jamais filmé, elle ne t'avait jamais donné la parole, elle qui a pérennisé en des kilomètres de pellicule tant d'intellectuels approximatifs, tant de manieurs de plume aux ordres du pouvoir.

 

          Mais je vais clore là le chapitre navrant et long des brimades. Ce serait faire affront a ta générosité et à ta noblesse d'âme que de m'attarder a l'énumération des injustices, des diffamations qui glissaient sur toi comme de simples égratignures, qui te faisaient peut-être mal à l'intérieur mais ne transparaissaient pas. Tes préoccupations étaient ailleurs, tu avais autre chose à faire. Et puis, tu respectais trop les autres, même lorsqu'ils te faisaient du mal. Sans avoir jamais prétendu donner de leçon, ta vie, ton comportement, ton courage et ton intégrité constituaient en eux mêmes un exemple et une leçon. C'est pourquoi, toi l'homme modeste et brillant qui ne se montre gère et pris de court que lorsqu'il s'agit de lui-même, tu as toujours été au coeur de ce qui fait ce pays. Et les 200 000 personnes venues de toute l'Algérie escalader ces "chemins qui montent" pour t'accompagner à ton ultime demeure au coeur du Djurdjura témoignent en quelque sorte de cela. Toi l'homme pacifique et courtois, toi qui ne claques les portes que lorsqu'un pouvoir ou une chapelle quelconque tente de t'embrigader, tu as aidé, non par des déclarations fracassantes, mais par ta lucidité, par ton travail intellectuel minutieux et soutenu, au lent cheminement de la tolérance et de la liberté.

 

 

 

Et voici que nous devons désormais nous passer de ta présence chaleureuse et brillante, de ta superbe intelligence, de ta bonne humeur à toute épreuve, de ton endurance physique (on peut difficilement t'imaginer malade, par exemple) qui te faisait faire des centaines de kilomètres par jour pour aller donner bénévolement une conférence et remonter tout de suite après dans ta voiture. Tu es mort au volant de ta 205 (une voiture de jeune) comme le jeune homme fougueux que tu as toujours été. Sois rassuré, Da Lmulud, la dernière image que je garderai de toi ce n'est pas celle, émouvante, du mort accidenté que j'ai vu mais celle de ce jeudi 16 février ou nous nous étions retrouvés avec d'autres amis a Ighil-Bwamas pour discuter du tournage d'un film. Tu étais élégant et alerte comme toujours, en tennis. Tu étais le premier au rendez-vous. Tu nous plaisantais sur notre retard, disant que tu croyais te tromper de jour. Tu étais aussi le premier à repartir, toujours disponible et toujours pressé. Tu avais beaucoup de choses à faire, à donner a cette culture que tu as servie généreusement, sans rien demander en retour, supportant au contraire avec dignité les brimades que ton travail t'attirait. Tu étais impatient en ce jeudi 16 février comme si tu savais déjà que le temps pressait. Je te vois monter dans ta 205 et démarrer bruyamment sur la route difficile tandis que nous étions encore à bavarder. C'était la dernière fois que je devais te voir vivant.

 

          La jeunesse assoiffée de culture et de liberté t'a toujours reconnu comme l'une de ses figures symboliques, quelques intellectuels et artistes t'ont toujours témoigné amitié, respect ou admiration dans les moments les plus difficiles. Mais ces derniers mois, c'est tout le monde intellectuel et médiatique algérien qui a commencé à comprendre ton importance et qui a recherché ton point de vue. C'est vrai que certains medias, qui avaient peur de "se compromettre", te sont demeurés fermes jusqu'à ta mort. Mais que de projets auxquels des gens voulaient t'associer ! que de journaux t'ont interviewé ! Et toi, porté et comme enivré par cette brise de liberté, tu te démenais, tu prenais ta voiture, sillonnais les routes et te rendais partout ou l'on te sollicitait. Oran, Ain-El-Hammam (ou tu devais rendre hommage a Si Mohand ou Mhand et ou l'on t'avait offert un burnous), Bejaia. Et enfin Oujda. Au mois de janvier, à Bejaia, ta conférence sur la culture berbère a drainé tellement de monde qu'aucun édifice ne pouvait le contenir. Et c'est dans le stade de la ville que des milliers de gens t'ont écouté et ont discuté de leur culture. Quelle belle revanche sur l'interdiction de ta conférence en 1980 ! Quel trajet parcouru depuis cette date sur le chemin de l'expression libre !

 

          Je te revois à cette époque ou nous préparions l'entretien qui allait paraître aux éditions Laphomic. Je me rappelle la vivacité de ton intelligence, ton sens de la répartie, ta pudeur et ta gêne lorsque nous sortions du domaine de l'esthétique ou des idées et que je te demandais de parler de toi-même ( ton combat nationaliste, par exemple, ton militantisme au MTLD, ce que tu as souffert durant la guerre, tu ne les évoquais jamais même lorsqu'on te contestait ton passé ou qu'on t'en fabriquait un autre ). Je me rappelle surtout ta jeunesse indéfectible. Je nous revois prenant des glaces dans l'un de ces innombrables salons de thé qui encombrent la rue Ben M'hidi ou dans le café "Le Véronèse" à Paris.

 

          Tu seras toujours près de nous, éternel jeune homme des Ath Yenni et d'Algérie.



           Qim di lahna

                                                                            

 

Tahar Djaout

 

                                                                                                                                                                                                                                      

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 08:48

bettina.jpgUn beau livre (une réédition, la première fois c’était en 2007) que l’auteur consacre exclusivement à une artiste peintre qui, depuis le jour où elle découvrit l’Algérie, ne voulut plus la quitter. Il s’agit de Bettina Heinen-Ayech, une Allemande de naissance, mais Algérienne de cœur et de choix.

Sur les 94 pages de cet ouvrage, l’auteur raconte la vie de cette artiste, allant de sa naissance à aujourd’hui. Agrémenté de belles images des œuvres de Bettina Heinen-Ayech (aquarelles et encre de Chine), le livre contient des textes de Claude Touli qui nous raconte le parcours d’une femme qui, à l’âge de 12 ans, a vendu son premier tableau et a exposé à un âge où beaucoup se cherchent.

En feuilletant ce livre, on découvre les influences artistiques, les raisons de son installation en Algérie. “(…) L’influence la plus marquante fut sans doute, pour elle, celle qu’elle reçut, dès l’enfance, de l’artiste et écrivain Erwin Bowien, ami de la famille. (…)” Ce maître lui fit aussi bien découvrir “la lumière cosmique” de la Suède et de la Norvège, le soleil panique d’Edward Munch, que “les tendres couleurs de Paris (…) qui adoucirent sa palette (…)”. (Page 13) C’est aussi grâce à “cet ami de la famille” qu’elle découvrit la beauté du Maghreb et ce, à travers les couleurs. Une attirance qui deviendra un enracinement qui n’a pu se concrétiser que grâce au mariage de cette artiste avec Abdelhamid Ayech. En l’épousant, c’est l’Algérie qu’elle épousait. En 1963, elle s’installa à Guelma. Une ville d’adoption qu’elle ne quittait que le temps d’une exposition, en Algérie ou à l’étranger, même pas lors de la décennie noire que connut le pays. Édité à compte d’auteur, ce beau livre est tel un dédale qui nous permet de faire une intrusion dans la vie d’une plasticienne qui de tout temps a préféré vivre loin des feux de la rampe, récluse “volontairement” dans une ville qui lui a inspiré beaucoup de ses œuvres, et qui continue à l’inspirer. Tout au long des pages du livre, les images de ses œuvres dévoilent une artiste touche-à-tout : natures mortes, paysages ou portraits, Bettina Heinen-Ayech est “inséparable de la passion qu’elle met dans sa vie, de sa générosité et de sa quête d’authenticité. L’art, pour elle, ne saurait être ornemental ou purement ludique, simple volupté ou reconstruction intellectuelle (…)” Outre le fait d’avoir présenté l’œuvre picturale de l’artiste peintre, l’auteur a eu cette ingénieuse idée de décrire, voire de raconter Bettina Heinen-Ayech à travers des écrits réalisés par différentes auteurs, entre autres Claude Touili (agrégée de l’université), Edwin Wolfram Dahl (écrivain et poète), Hans Karl Pesch (critique d’art et écrivain), et bien d’autres. Des extraits de propos de l’artiste figurent aussi dans ce livre.

Des propos explicatifs, levant un peu plus le voile sur la personnalité et l’attirance artistiques de Bettina. On peut lire aussi un entretien que l’auteur a réalisé avec elle. Un entretien où elle se livre sans retenue, ni timidité. Les dernières pages de ce livre sont consacrées aux dates qui ont marqué sa vie – et elles sont nombreuses – et aux principales expositions que Bettina Heinen-Ayech a réalisées. On apprend aussi que hormis le musée des Beaux-arts d’Alger, d’autres musées (Allemagne, Syrie…) ont acquis ses œuvres. Plus qu’une rétrospective de la vie et de l’œuvre de Bettina Heinen-Ayech, ce livre est un hommage à une femme qui a consacré sa vie à l’art, sans artifices, sans attendre une contrepartie.

Bettina Heinen-Ayech, la rencontre d’un peintre et d’un pays, de Taïeb Larak, Alger 2010.

 

Liberté

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 08:42

souissi.jpgDans son deuxième roman, qui vient de sortir aux éditions Casbah, notre confrère Zoubir Souissi sort de l’autobiographie pour se frotter à la fiction.
Avec bonheur. Sur plus de 400 pages, il emmène le lecteur à travers les méandres de sa ville, les attentes et les petits secrets qu’on croit scellés mais qui sont connus de tous. Autour de quatre copains, l’auteur construit la trame. Tahar est le plus jeune de la bande, il a 17 ans. Abdallah est le plus mature. Mokhtar est le zazou de la bande même s’il est pauvre. Malek, au caractère forgé qui a toujours le mot de la fin. Enfin, Bouguerra, falot, peureux, il est fils d’un riche commerçant qu’Abdallah prend sous sa protection mais dont Malek en fait un souffre-douleur. Sur fond de guerre, les deux communautés algérienne et française sont sur le qui-vive.
La bande en excitation. Elle veut prendre part aux manifestations populaires de 1961. Juste brandir l’emblème national. Et soudain, l’histoire s’ébranle avec l’Indépendance pour caracoler jusqu’aux années noires de la tragédie nationale. Entre-temps, la bande est dispersée : Tahar est mort en héros. Malek est enseignant, de gauche et proche du peuple, Mokhtar et Abdallah ont émigré vers la grande ville. Que reste-t-il de la bande pour construire le roman ? Alors que l’on s’y attend le moins, Souissi bâtit sa trame sur la vie de Bouguerra, le falot et le peureux. Il le suit pas à pas. C’est à ces pages que le livre devient intéressant si bien qu’il est difficile de le lâcher. Bouguerra, qui a pris la succession de son père décédé, est une réplique exacte de l’Algérien moyen, complexé, machiste, hautain, mauvais et versatile plus qu’une girouette. À force de le croquer, l’auteur nous le rend par endroits sympathique, jusqu’à le plaindre. Membre du conseil communal, le premier post-indépendance, il s’incruste au parti unique, se fait élire député dans l’Algérie du parti unique, puis dans la mairie d’obédience islamiste et enfin membre du Conseil national de transition. C’est que ce n’est pas peu. L’auteur a su rendre chaque tranche de vie de l’époque.
Dommage que la rythmique soit cassée de temps à autre par des réflexions, somme toute lassantes. Pari réussi pour notre confrère qui nous montre admirablement qu’il a une autre corde à son arc.

Caméléon, de Zoubir Souissi, roman, 414 pages, éditions Casbah, Algérie 2010

 

Liberté

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 08:33

Fruit de l'univers littéraire et de l’imaginaire de Rabah Boukriche, ce roman écrit en arabe classique raconte l’histoire d‘un groupe de touristes allemands voyageant à Tamanrasset. Parmi eux, une jeune femme, clone de Claudia Shiffer.
Tout ce beau monde s'enfonce dans le sud algérien en compagnie de Salim le guide. Couleurs ocres, paysages ensorcelants, calme pénétrant. Mais au cours du voyage, la météo se gâte. Une violente tempête se lève, dispersant les touristes dans les dunes. Gravement blessée, la jeune fille aux cheveux d’or trouve soin et réconfort auprès de Salim. Sans ce dernier, elle serait sûrement passée de vie à trépas. La rescapée tombe follement amoureuse de son guide. Mais Salim est un homme marié…
Sabrinal
Dalila El-Azrakde Rabah Boukriche, Editions Houma, 2010, 203 p.

 

Le Soir d'Algérie

 

 

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 08:06

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Une première pour Chabha Ouahès Amellal. Elle vient de publier son premier ouvrage «Souvenirs et témoignages», sorti dernièrement aux éditions «Zyriab». A travers ce recueil de nouvelles, l’auteure nous retrace avec nostalgie, une expérience existentielle avérée qu’elle a vécue.

Dans cette riche expérience, elle expose les conditions de vie des montagnards, leur hardiesse et leur bravoure. Chabha Ouahès Amellal, sensible, célèbre et glorifie ainsi les belles et nobles valeurs humaines en l’occurrence le courage, la dignité et l’endurance. Cette auteure de nouvelles opte pour un vocabulaire simple et parfois similaire au langage courant. Les mots sont en toute profondeur.
Le lecteur s’offre une agréable promenade grâce à une écriture simple, claire et concise. De même, le lecteur pourra se délecter du talent et de la technique savamment utilisée par cette écrivaine au talent certifié et avéré. Chabha Ouahès Amellal étale à l’aise ses pensées. Aussi, c’est avec une inspiration très limpide que Mme Amellal nous transporte-t-elle à travers un magma temporel. Les tumultes du passé restent gravés et ancrés à jamais dans la mémoire collective. Les grandes lignes des itinéraires ont été chronologiquement respectées, donnant ainsi une nouvelle cohérence à cette œuvre qui reste avant tout un travail de mémoire. Chabha Ouahè Amellal, qui n’est autre que la sœur de l’illustre poète, Ramdan At Mensur, décrit l’Homme dans son environnement mais aussi le rapport de l’Homme avec son environnement, particulièrement le rapport à l’autre. Ajoutons que le cadre villageois que décrit cette auteure, Tizi Hibel, est le village natal de Mouloud Feraoun. Ce dernier a laissé une sublime empreinte indélébile chez la génération de Chabha. Interrogée au sujet du choix de ce thème, elle répond d’emblée «J’ai éprouvé le besoin de prendre ma plume et de m’exprimer ouvertement sur un fait qui m’a personnellement interpellé».

 

Source : Horizons

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 07:56

Une première. Un roman écrit en anglais par un Algérien et publié en Algérie. Titre : Sophia in the white city (Sophia dans la ville blanche). Si vous désirez parfaire votre apprentissage de l’anglais, cette fiction est pour vous.
Cette histoire a pour cadre Alger la blanche ! Ramice Taslent est éditeur. Il vit dans la capitale. Via Internet, il a sympatisé avec une jeune journaliste allemande qui s’appelle Sophia Weize. L’amitié a fait place à des sentiments amoureux, au fil des conversations. Ramice profite de la tenue d’une foire du livre à Alger pour inviter Sophia. Que va-t-il se passer ? Et qui est l’auteur de cette lettre de menace adressée à Ramice ? Vous le saurez en lisant le premier roman de Belkacem Meghzouchene. Une fiction entièrement rédigée dans la langue de Shakespeare. Extrait : «Ramice and Sophia lunched in seafront langustina. Two hours on the beach of Tamentfust (formerly La Perouze), punning and cooing and laughing and flaring, had made them so hungry that they startled the waiter who kept serving till breathlessness. They ate brochette plus shrimps copiously».
Sabrinal
Sophia in the white city, roman de Belkacem Meghzouchene, L’odyssée Editions, 2010.

 

source : Le Soir d'Algérie

 

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