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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 00:30

  - Edité par Dar Al-Adab à Beyrouth 1993.- Il est aujourd’hui à sa 17ème édition (ce qui est unique dans    l’histoire de la littérature arabe contemporaine).

- Le prix NOUR, distinction attribuée à la meilleure œuvre féminine en langue arabe lui a été discernée en 1996 par la fondation NOUR du Caire.
- Le prix Najib Mahfouz pour le roman équivalent du «concourt», lui a été discerné par l’université américain du Caire en 1998, ce qui implique sa traduction en plusieurs langues internationales.
- Il a reçu en 1999 le prix du professeur Georges Tarabey, honorant chaque année la meilleure œuvre littéraire publiée an Liban.
- Le roman a été traduit en plusieurs langues dont l’anglais par Baria Ahmar Sreih, l’
italien par Francesco Leggio, et le français chez Albin Michel par Mohamed Mokeddem.
- En cours de parution (Allemand, Espagnol, Chinois.. Kurde)
- Le roman a été adopté dans les programmes de plusieurs universités internationales et du monde arabe (La Sorbonne à Paris, université de Lyon, université de Maryland à Washington, l’université américaine de Beyrouth et de Caire, université de Amman, université d’Alger, université Saint-Joseph Beyrouth…). Ainsi qu’au programme du Bac Libanais.
- Le roman a fait l’objet de plusieurs thèse de Doctorat et de recherches universitaires.
- Il a été considéré par la critique comme le meilleur roman arabe de la dernière décennie.

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 22:01

       Latifa Ben Mansour est née en 1950 à Tlemcen (Algérie). Docteur d’État ès Lettres et Sciences humaines, elle enseigne à Paris. Voici quelques unes de ses oeuvres :

           Latifa Ben Mansour - L'année de l'éclipse

 

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 13:17

pierre frehaVieil Alger (éditions Orizons, Paris 2009)  est un recueil de cinq belles nouvelles que Pierre Fréha nous donne à lire. Elles constituent une sorte de parenthèses ouvertes sur la famille Cazès, déjà personnage central de son précédent roman, la Conquête de l’oued. 

C’est en fait l’histoire de l’une des deux branches du judaïsme algérien, les Sépharades, chassés d’Andalousie, en même temps que les Arabo-berbères, par les Rois catholiques, au cours de la Reconquista, en 1492. L’autre branche de ce judaïsme en Algérie trouve son origine dans une partie de la diaspora (dispersion) des Juifs de Palestine, il y a 2 000 ans. L’histoire des Cazès s’emboîte ainsi dans celle, romancée, de l’Algérie, sous dominations ottomane puis française.

Arrivés à Alger, dans une conjoncture favorable, les frères Isaac et Jacob Cazès purent ouvrir un magasin d’horlogerie à Bab Azzoun, dans la Casbah d’Alger. Cette boutique, que plusieurs générations de Cazès héritèrent tour à tour, sert pour le narrateur de lucarne sur la chronique algéroise.

Elle a en effet assisté à l’arrivée en sauveur, vers 1515, des quatre frères Aroudj, avant qu’ils ne se transforment en oppresseurs. Ce fut le point de départ de trois siècles de présence ottomane dans la future Régence d’Alger.

Ces célèbres corsaires, qui écumaient la mer Méditerranée au même titre que les puissances chrétiennes européennes, et bien que dotés d’une armada, mirent quinze longues années avant de se décider à mettre fin au blocus du port d’Alger par la marine de guerre espagnole.

La boutique s’est trouvée également peu ou prou mêlée à quelques-uns de ces événements. Baba Aroudj, après avoir trucidé le roi d’Alger, Salem Toumi, y avait acheté une magnifique montre, un cadeau pour la sublime Zaphyra, la reine veuve, qu’il voulait s’offrir vainement en prime pour son crime.

C’est également entre ces murs que se fomenta une partie du complot des notables algérois et ceux de la Mitidja, voisine, pour se libérer du joug des Aroudj ; une tentative que ces derniers avaient baignée dans le sang.

Mais le pire que la population eut à subir, fut la prédilection sexuelle perverse des Janissaires ottomans pour leurs filles et leurs garçons qu’ils allaient jusqu’à kidnapper et séquestrer, des semaines ou des mois dans leurs casernes.

C’est ainsi que ce malheur frappa doublement Djamel, un proche des Cazès ; un Algérois de naissance, fils de Grimaldi, un immigré d’origine génoise, qui se maria avec une Algérienne, après sa conversion à l’islam.

Ces soldats ont non seulement enlevé son fils, Omar, mais ils l’ont lui-même enfermé dans un sac en toile de jute et jeté à la mer, parce qu’il avait osé leur réclamer la libération de son enfant.

Puis, vint en 1870 le décret Crémieux qui octroya d’office la nationalité française aux Juifs d’Algérie. Si cette décision avait emporté l’adhésion de la majorité d’entre eux, qui y ont vu une protection contre l’antisémitisme et l’oppression qu’ils subissaient de la part de la société coloniale, Simon, le père du narrateur, ainsi qu’une minorité de ses coreligionnaires, y ont vu plutôt un moyen de dépersonnalisation et une mesure discriminatoire envers leurs compatriotes musulmans.

Le narrateur rappelle que le système colonial avait refusé jusqu’au bout l’égalité des droits aux Algériens musulmans, qui constituaient la très grande partie des habitants, et de surcroît dans leur propre pays.

Cette opposition est également illustrée dans cette fiction par, d’un côté, le rabbin libéral métropolitain, Mahir Charleville, envoyé de Paris quelques années avant l’avènement de ce décret pour officier dans la synagogue d’Oran, en vue de faire « évoluer » les Juifs autochtones, et de l’autre, le rabbin berbère, Kanaouï, qui ne voyait pas pourquoi les judéo-berbères de son pays devraient abandonner leur algérianité, alors qu’ils la vivent en plein accord avec leur judaïté.

Mais le lobby colonial considérait ce décret comme un scandale et dont le seul tort était qu’il accordait aux Juifs les mêmes droits que les populations d’origine européenne, pourtant nouvellement installées en Algérie.

C’est ainsi qu’Edouard Drumont, de sinistre mémoire, et ses sbires fomentaient régulièrement des campagnes nauséabondes faisant des Juifs les boucs émissaires de tous les maux de la colonie algérienne et de la métropole, des émeutes contre eux et le pillage de leurs magasins, qu’ils appelaient aussi à boycotter, listes nominatives à l’appui, qu’ils publiaient dans leurs feuilles de choux, notamment la Libre parole, de Drumont, pratiquaient la discriminations à l’embauche des demandeurs d’emplois juifs…

Éléonore, qui avait tenu à ce que ses enfants portent des prénoms français, au grand dam de son mari, afin qu’ils ne soient plus la cible des racistes, subit de plein fouet ainsi que son époux, et surtout leurs enfants et petits-enfants,  les néfastes conséquences de l’abrogation du décret Crémieux et la promulgation de lois scélérates antijuives, par le régime de la Collaboration du maréchal Pétain, durant la Seconde Guerre mondiale.

Joseph écrivit à son fils Philippe résidant à Vichy pour l’informer des campagnes antisémites, auxquelles ses « frères » musulmans ne voulaient pas s’associer, en dépit de l’habileté de la propagande coloniale pour monter les uns contre les autres, Juifs et musulmans.

Pour sa part, Max Régis, un jeune Juif, débarquant à peine de métropole, décrit la chaleur et la fraternité avec lesquelles Ben Brimath, chef du groupe des conseillers municipaux musulmans d’Alger, l’avait accueilli et s’était entretenu avec lui. « Le maire est un excité, un fanatique, lui confie–t-il. Il lance des appels à l’action directe antijuive, mais nous ne le suivrons jamais. »

Pierre Fréha, roman français d’origine algérienne, fait de nouveau preuve de son talent de conteur dans ce recueil de nouvelles, qui méritent d’être lues.

 

Source :  Respublica

 

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 11:27

tombe sous le grenadier-copie-1Un village quelque part en Algérie. C’est un village, ordinaire qui ressemble à tous les autres villages du nord du pays.
Dans ce village, il y a, bien sûr, des habitants et des animaux domestiques. Il n’y a pas de pays sans paysans. Les villageois ont des arbres fruitiers, des champs cultivés et des animaux domestiques. Dans la forêt vivent des animaux sauvages. «C’est ici, entre monts et vaux, poules, lapins et poussins, chats, chiens, biquets, agnelets et moutons, sans oublier l’âne, cette bête de somme si utile, que j’ai vu le jour. Dans ce pâté de maisons tourné vers la montagne et encaissé dans un vallon», raconte Amar Zentar dans son nouveau roman La tombe sous le grenadier, chronique du temps qui revient, paru aux éditions Mille- Feuilles. Dans les villes, on entend des bruits de moteurs, des klaxons d’automobilistes plus ou moins pressés et des tas d’autres bruits «mécaniques». A la campagne, le coq chante, la chouette hulule et les chiens aboient (même si les caravanes ne passent plus par ici). «La nature fait bien les choses. Malgré toute l’ingratitude de l’homme à son égard. C’est ainsi qu’elle nous a gratifiés d’une vingtaine de figuiers, toutes variétés confondues par ailleurs, de trois grenadiers, de deux frênes et de trois sortes de raisin », raconte, encore, le narrateur. La vie dans ce village est rythmée par les saisons, comme dans tous les villages du monde. A la saison des poètes, «c’est un brusque sursaut. Le printemps se réveille. Symphonie des sons et des tons. Les coquelicots fleurissent et tapissent les prés. Une nuée de papillons de toutes les couleurs et de diverses dimensions, voletaient dans le ciel d’un bleu pervenche. Toute la nature bourgeonne et déroule sa nouvelle parure ». En été, «dans l’air dansant des chaudes journées, le chant rauque des cigales monte des bas-fonds vers le ciel». Ici, il y a un idiot du village, comme dans tous les petits patelins à travers le monde. Mais, «l’idiot du village n’était pas si… idiot que ça (…) il était mi-anormal, mi-lucide. Tout comme sa sœur qui ne parlait pas pour ne rien dire… Avec ce simplet ou considéré tel par tous ceux qui ne se donnaient pas la peine de l’écouter à défaut d’essayer de le comprendre, je m’entendais plutôt bien. A tel point que certains villageois, me voyant en sa compagnie, se demandaient qui de nous deux était vraiment le plus fou», écrit Zentar à la page 113, de ce roman largement autobiographique. On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien dans ce village. Ainsi, «le roi des coqs» qui battait tous ses rivaux à l’issue de combats souvent homériques a failli être sacrifié «pour une brumeuse histoire de gri-gri». Les jeunes se lancent, parfois, des défis insensés comme celui de sauter dans la rivière du haut d’un rocher. Un chien peut aussi attaquer une poule, histoire de varier son menu quotidien. Mais tout cela fait partie de la vie d’un village. «…Et puis un jour tout a basculé : les chèvres ne donnaient plus de lait, les biquets trop longtemps sevrés sont morts, les vieux rendaient l’âme un à un, les jeunes ont abandonné le village pour traverser la mer, les arbres calcinés ne repoussaient plus, les papillons ont miré vers d’autres biotopes, les grenouilles ne coassaient plus, le coq refusait de chanter, les poules de pondre des tufs…» Quelque part dans ce village, un grenadier déploie toutes ses branches «pour ne protéger qu’une seule tombe». Rien ne peut remplacer la perte d’une mère… Amar Zentar, journaliste et écrivain, est né en 1950 aux Ouadhias (Tizi-Ouzou). Il est licencié en droit à l’université d’Alger. Il a travaillé dans diverses publications publiques et indépendantes, notamment, Révolution africaine, Algérie Actualité, El Moudjahid, le Citoyen et le Courrier d’Algérie. La tombe sous le grenadier est son troisième roman, après Le but (Laphomic) et Journal d’un plumitif (Dar El-Gharb). Amar Zentar compte publier prochainement un recueil de poésie auquel il a, déjà, donné le titre de «(Dé) bris de vers».
K. B.
Roman La tombe sous le grenadier, de Amar Zentar (Ed. Mille-Feuilles).
142 pages. Année 2010.
Prix : 400 DA.

 

Source : Le Soir d'Algérie

 

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 22:20

 

C’est un roman plein de sérénité que vient d’écrire Bernard du Boucheron même s’il aborde une période difficile de l’histoire algéro-française. « Salaam la France »* raconte le pays de Kateb Yacine juste avant le début de la guerre de libération. C’est une période qui semble lointaine aujourd’hui ; dans les mémoires, elle est déjà presque irrémédiablement perdue. L’écrivain arrive cependant à la restituer, à lui donner corps, sans haine pour personne, juste avec des vérités même si parfois elles sont difficiles à écouter.

 

de Bucheron« Salaam la France », commence avec une visite d’investisseurs français dans l’Algérie indépendante. Frédéric fait partie de cette délégation qui vient ramasser de l’argent dans un pays où le pétrole et le gaz ont fait perdre la tête à de nombreux dirigeants. Frédéric a l’amour de cette terre qui lui valu son premier travail, médecin de bled, bien des années auparavant. C’est cette belle et splendide Numidie qui lui a appris la vie, l’amour, la solidarité, le sens de l’existence face à l’absurdité du monde. « Rien n’égale la servilité de l’homme d’affaires français coincé entre l’espoir du profit et la menace de représailles », écrit le lauréat du grand prix du roman de l’Académie française.

Ce dernier plonge ensuite son lecteur dans cette Algérie de jadis où les colons imposaient leur loi et ne voyaient pas venir la révolte des plus démunis, de ceux qui n’avaient plus rien à perdre. Après Alger où il rencontre Jésus Martinez, un homme qui a le racisme dans le sang, Frédéric fait la connaissance de la belle Elise, une fille de riches propriétaires terriens de la Mitidja. Puis le médecin débutant se retrouve à Bou Djellal, aux portes du désert. Là il fait corps avec son entourage, tout en essayant de limiter les complots des uns et des autres. Parfois il est vétérinaire, ou l’homme à tout faire des autorités du patelin. Frédéric prend également soin de la santé des femmes de la maison close de la région où l’une des prostituées, Malika, va tomber amoureuse de lui. Mais cette belle femme va mal terminer ; ne voulant plus continuer à faire le plus vieux métier du monde, elle est sauvagement amputée de son nez, en guise de représailles, par un homme de sa tribu.

Annilka est l’autre femme qui a marqué Frédéric durant son séjour sur les Hauts Plateaux. C’est une Danoise, mariée à un certain Naulet mais qui aime plutôt Sdira, un collaborateur du système colonialiste. Cette fiction se termine par l’assassinat d’Annilka sous le regard de Frédéric. C’est Sdira qui met fin à l’existence de la belle femme venue du grand Nord. Entre Frédéric et Annilka, le malentendu a souvent régné. « L’accord était impossible entre l’idéalisme d’Annilka, nuancé d’hypocrisie, et ma trahison anticolonialiste exempte de toute compassion pour les colonisés », écrit Bernard du Boucheron.

 

  Salaam la France

 

Source : TSA

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 09:13

parfum de vieDans son dernier roman Un parfum de vie, Adriana Lassel plonge dans l’histoire de l’Algérie du XVIIe et fin du XXe siècle.
Ici, événements et personnages se côtoient, se télescopent, se séparent, se retrouvent sur fond de passions et de tragédies. On l’aura compris, la romancière et essayiste, spécialiste de Cervantès, poursuit la saga entamée avec Luckas le Morisque, son précédent ouvrage. Mais cette fois-ci, l’Algérie de l’aprè-sindépendance et de la décennie noire constitue la trame de cette exploration littéraire du passé des Andalous, en particulier des Morisques chassés d’Espagne par l’Inquisition. Un roman historique donc, surtout que les événements du passé lointain aident à éclairer la tragédie des temps actuels. A ce titre, Un parfum de vie mêle admirablement imaginaire et faits réels. Fiction et histoire, amour et tragédie se chevauchent, s’épousent et se complètent grâce à un structure narrative parfaitement maîtrisée par l’auteure et qui emprunte quelque peu aux techniques cinématographiques. L’écriture aérée et le style sobre de l’écrivaine en font un récit vivant qui se lit d’un trait. La force d’Adriana Lassel, c’est de donner vie à des personnages anciens et actuels qui, à bien des égards, se ressemblent. Un parfum de vie est l’histoire d’une quête : celle de l’amour et du passé andalou (les Morisques). Au fil du récit, le lecteur découvre les destins croisées de Sadek Benamar le professeur et Dahmane El-Andaloussi le Morisque, les amours de Sadek et Hayet… «L’homme ne serait plus jamais celui d’avant. Hayet et Dahmane lui avaient apporté un parfum de vie. Si elle était un être réel, palpable, désiré, le Morisque était la personnification des divers origines de l’essence algérienne, de ceux-là qui peu à peu ont édifié la mosaïque nationale… » (p. 117). Sadek a rencontré Hayet à Blida, la ville des Roses, à la fin des années soixante. En ce temps-là, un parfum de liberté embaumait le pays, Alger était La Mecque des révolutionnaires, il y a eu mai 1968 à Paris… Un amour clandestin, tout autant que les fameux manuscrits aljamiado (langue espagnole transcrite en caractères arabes) des Morisques. Mais comme l’amour est le plus souvent contrarié, parfois tragique, les amants sont séparés. La quête, alors, se poursuit pour l’un et pour l’autre au prix de pertes, de renoncements, de tragédies personnelles… Sadek et Hayet finissent par se retrouver, 25 ans après, à l’automne de leur vie, en pleine tragédie nationale. L’histoire leur avait révélé un nouveau visage de la violence, mais surtout de l’amour. L’amour finit par triompher de tous les obstacles, de toutes les horreurs. Désormais, plus rien n’empêchait Sadek de vivre sa passion pour une femme, «lui qui avait traversé la vie comme un fantôme dans une steppe solitaire» (p. 108). C’est cela la magie de l’amour, celle de donner un sens à la vie.
Hocine T.
Un parfum de vie, roman d’Adriana Lassel, traduit de l’espagnol par Chahrazed Mered, 134 p. hala Editions

 

Source : Le Soir d'Algérie2010.

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 22:36

 moineau

Une histoire violente, difficile, racontée en dehors de toute métaphore avec simplicité et plénitude.
Un pays immense. l'Algérie. s'accommodant de quelques certitudes mais toujours en quête d'elle-même. Un village perdu avec des images singulières et nécessaires dont les habitants, aux destins douloureux et pitoyables, sont eux les vrais scribes de ce roman. L'auteur. avec un style concis et intense. nous fait partager sa passion pour les siens. ces hommes qui vivent de rien, luttent, rêvent. divaguent, puis avancent dans leurs petites choses de tous les jours, leur labyrinthe.
Une humanité plusieurs fois sacrifiée par le monde et dont l'unique salut est dans le dernier soupir qu'elle retient et auquel elle veille farouchement à ne jamais dire adieu. car le néant guette et il est si violent qu'il n'y a rien d'autre à lui opposer qu'un autre néant.

Le livre vient d'être nominé pour le prix Fémina

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 19:23

 

Deux hommes se retrouvent côte à côte dans le vol Alger-Constantine. A dix mille mètres d’altitude, en un peu moins de d’une heure, c’est leur destin - et celui de tout un pays à travers le leur -, qui va se jouer au fil de la conversation et des réminiscences.

Ils sont unis par les liens du sang, par l’expérience traumatisante de la guerre d’Algérie, mais aussi par le souvenir d’un été torride de leur adolescence, épisode dont jamais ils n’ont reparlé mais qui symbolise la jeunesse perdue de leur patrie. Rachid, le narrateur, a toujours voué une admiration mêlée d’envie et de ressentiment pour son cousin Omar ; celui-ci, devenu un célèbre architecte, parcourt le monde pour mieux fuir ses démons. Ce sont ces fantômes que Rachid va le forcer à exorciser : son grand-père Si Mostafa, propriétaire terrien, l’homme aux " figuiers de Barbarie ", symbole d’une Algérie prospère et paisible ; son père Kamel, commissaire soupçonné d’avoir collaboré avec les autorités françaises pendant la guerre ; son frère Salim enfin, engagé dans " l’Organisation ", mort dans des circonstances mystérieuses.

C’est toute l’histoire de l’Algérie déchirée, depuis la conquête française jusqu’à l’indépendance, de l’enfance dorée et sensuelle aux horreurs de la torture et du terrorisme, qui défile dans les souvenirs du narrateur.

Né en 1941 à Aïn-Beïda, dans les Aurès, Rachid Boudjedra étudié la philosophie et les mathématiques à Alger et à Paris. Il a enseigné ces deux disciplines dans ces deux villes. Depuis 1972, il se consacre à la littérature et à l’écriture de scénarios. Traduit dans 34 pays, il est l’auteur de nombreux romans, dont quatre publiés par Grasset : Lettres algériennes (1995), La Vie à l’endroit (1997), Fascination (2000) et Les Funérailles (2003). Il vit aujourd’hui à Alger.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 20:03

Dense et bouleversant, le cinquième roman de Jérôme Ferrari confronte un ancien officier des renseignements en Algérie et son lieutenant à leurs souvenirs et à leur conscience

Voir, céder, participer, laisser faire ou agir, que ce soit pour empêcher ou pour commettre… elles sont nombreuses et complexes les interrogations intimes qui pétrissent les personnages de Jérôme Ferrari. Ce n’est pourtant pas un livre cérébral ou psychologisant qu’il donne à lire, mais une réflexion dense et lyrique sur la mémoire, la culpabilité, la compassion, le devoir et l’honneur, à travers l’histoire du capitaine André Degorce, responsable du service de renseignements de l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Maintenant son attention à des thèmes déjà étreints dans ses précédents romans (notamment dans Un dieu un animal, en 2009, où il était déjà question de guerres et de l’incapacité à revenir au monde après avoir plongé dans les ténèbres), l’écrivain publie l’un des meilleurs livres de cette rentrée.

Il prend pour trame le récit de trois jours de 1957, à Alger, dont la figure centrale est le capitaine Degorce, chef des équipes chargées d’éradiquer l’Armée de libération nationale. Ce 27 mars 1957 vient d’être capturé le chef de la résistance algérienne, Tahar, sous les traits duquel on pourrait reconnaître Larbi Ben M’hidi, le chef du FLN au sourire énigmatique, arrêté en février 1957 durant la bataille d’Alger. S’il s’inspire de toute évidence d’un contexte historique connu, Jérôme Ferrari déplace regards et identités, signifiant que son sujet principal n’est pas la guerre d’Algérie mais bien les questions morales qu’elle a pu soulever. Un multiple huis-clos se déploie au long de ces trois journées et de ces trois chapitres, celui de la prison même où Tahar est retenu, celui du bureau du capitaine où il se retire, les nerfs mis à vif par les séances de torture. Et celui bien sûr de sa propre conscience.

Degorce est taraudé par son passé, par les lieux où il semble avoir «laissé son âme». Affleurent les souvenirs récents à Alger, dans cette lutte à laquelle il semble de moins en moins croire; ceux du camp de Buchenwald où il fut déporté; ceux, heureux, de sa rencontre avec sa femme Jeanne-Marie, dans le célèbre hall de l’hôtel Lutetia en 1945, puis de leur vie commune; et ceux de la guerre d’Indochine, des combats sanglants, de Dien Bien Phu et des camps de rééducation auxquels il a survécu.

C’est là qu’il rencontra le lieutenant Andreani, un homme que l’épreuve a mâtiné d’une tout autre façon. Plus radical, moins idéaliste et plus cynique, il a mis une conviction et un zèle différents dans sa fonction. C’est sa voix exaltée, tour à tour admirative et haineuse, que Jérôme Ferrari intercale, à la première personne, entre les trois récits algérois. Son point de vue est une adresse à son capitaine, lettre ou monologue oral, postérieure aux faits, depuis un lieu et un temps incertains.

Subtilement menée par le romancier, cette double narration dévoile le face-à-face des deux hommes, le lieutenant tendant à son supérieur ses contradictions comme dans un miroir. Un dialogue muet puisque indirect, que seul le lecteur peut saisir dans son ensemble. Seule la parole mènera à la condamnation ou la libération: dans cette interpellation exaltée d’Andreani, dans les lettres personnelles que le capitaine peine à écrire à ses proches, comme dans les confessions extorquées aux torturés dans les geôles de la fictive villa Saint-Eugène. Encore faudra-t-il distinguer la vérité du mensonge, puisqu’il n’existe pas une seule réalité.

Où est la trahison? Dans la fidélité à un camp coupable ou dans la dissidence? L’esprit vrillé par les questions, le capitaine Degorce voit coexister en lui la victime et le bourreau, aujourd’hui à Alger comme hier dans les camps, où il fut parfois couard pour survivre. Il n’est pas le seul. Comme lui le jeune séminariste arrivé comme gratte-papier qui ne cille plus après avoir assisté à quelques séances d’interrogatoires musclés. Comme lui le gentil sergent qui viole une prisonnière par désœuvrement. Comme lui le lieutenant Andreani tuant gratuitement à coups de pioche un soldat italien affamé qui rôdait autour du poulailler de sa mère en 1942. «Mes mains étaient tachées de sang et la vie que j’avais connue était terminée», se souvient-il.

À mesure que se déroule ce très beau roman, à mesure que se resserre autour de Degorce l’étau de sa conscience, on pense à un calvaire, un chemin rythmé par des douleurs lancinantes, à commencer par celles imposées par la mémoire. Mais un chemin de croix collectif et singulier, tel celui peint par Bruegel l’Ancien dans Le Portement de croix, ce tableau grouillant de personnages vaquant à leurs occupations diverses pendant que la figure centrale du Christ est dissimulée au second plan, comme perdue dans l’indifférence générale. Un tableau où, même placés sous le regard implicite du divin, les mortels sont responsables de leurs actes et de leurs pas.

«Ne vous offusquez pas, je vous en prie, j’ai le droit de vous appeler mon frère, nous avons été engendrés ensemble par la même bataille, sous les pluies de la mousson», conclut Andreani. «Certaines choses ne peuvent pas être défaites, fût-ce par le mépris.»

Le réconfort de Degorce ne viendra pas de sa vraie famille ni de cette fraternité pointée par son lieutenant, mais de son ennemi, Tahar dit «le pur», bientôt exécuté, ce combattant désarmant de sagesse et de clairvoyance. Les échappées les plus lumineuses sont celles de ses visites au prisonnier, auprès duquel il semble chercher sinon une absolution, du moins des réponses. Peut-être simplement percer le mystère de sa sérénité.

SABINE AUDRERIE

Source : La Croix

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 19:48

O-Biskra-une-enfance-algerienne.jpg

Pour le « Petit Pierre », dont le père était négociant en dattes, l'Algérie des années 1950, c'était le paradis. Il ne l'a jamais oublié

 

Encouragé par son ami Jean Marie Le Cléziol'avocat d'un grand cabinet américain Pierre-Philippe Barkats réussit à nous faire voir avec ses yeux d'enfant le Biskra des années 1950. Plus exactement, des huit années qui vont de 1954, date de sa naissance et du début de la guerre d'Algérie, qui commence à 20 kilomètres de Biskra, à 1962, date du départ pour Nice de sa famille. Mais PPB, « Petit Pierre », vit au paradis de l'enfance, dans la vallée du bonheur. De ce « paradis perdu », selon le mot juste de son préfacier, Tahar Ben Jelloun, où la fraternité ignore races et religions, PPB nous campe superbement le cadre, les heures et les jours, la vie quotidienne et familiale. Une enfance algérienne, donc, pour le « petit Biskri », mais aussi saharienne, à l'orée de « neuf millions de kilomètres carrés de désert ».

Il en fait revivre les figures fortes. Celle de son arrière-grand-mère maternelle, Hafsa, montagnarde juive, éleveuse de chèvres, sage-femme de la région, qui ne parlait que kabyle et arabe. Celles de sa grand-mère Rachel, de son grand-père rabbin, Mevorakh le béni, doux et paisible, « qui vivait sa religion sans ostentation, comme le font certains aujourd'hui ». De son père, le paterfamilias, taiseux, de sa mère, de ses tantes, de sa famille, de la maisonnée. Il se remémore la vie domestique, « le jour des draps », la cuisine, les maladies d'enfants, le coiffeur, le henné, les jours de fête. On devine le narrateur en garçonnet, grave et espiègle à la fois. Il y a aussi la vie de l'extérieur avec les magazines pour sa maman (« Confidences »), Radio Touggourt, le cinéma Casino. Une insouciante enfance française des années 1950, en Algérie.

 

PPB est sobre et émouvant sur son « vieux papa », Jacques Isaac Barkats. Il voit en lui le « prototype du "Premier Homme" d'Albert Camus ». Engagé volontaire dans l'aviation en 1938, radié des cadres en décembre 1940 en application du statut des juifs de Vichy du 2 octobre 1940, privé ainsi de sa carrière militaire, il retrouve sa citoyenneté en 1943 grâce à de Gaulle, qui la rend aux juifs français d'Algérie. Ensuite, il devient responsable de l'achat aux producteurs de dattes deglet nour pour les établissements Touitou - réputés ensuite pour les dattes Barkats et Touitou de Biskra.

 

  Biskra, pour « Petit Pierre », c'est d'abord la maison de la rue Laurent, mais c'est aussi la sensation familière du désert proche, les animaux, les acacias, les jardins, les seghias, « l'école des allées », les petites voisines, les maîtres et maîtresses d'école, Pierre le soudeur, la libraire, la glacière, la marchande de pâtés chauds, les gens, la bourgade de Sidi Okba, où venait Gide. Et aussi la lumière violette, le ciel bleu cobalt clair. On sent dans son texte la douceur, le satin des nuits, mais aussi les bourrasques. Ce paradis comporte pour les vacances des échappées familiales en Simca vers le nord : Alger, Marseille, Nice. Mais, malgré l'assurance donnée le 13 décembre 1960 à Biskra par le général de Gaulle lui-même au père de Pierre (qui l'a cru), en 1962, après les accords d'Evian, il faudra partir. « On a volé au Petit Pierre sa maison, son pays », « J'ai un manque qui me fait mal ». « Petit Pierre » ne retournera pas à Biskra, pas plus que nous ne pouvons revenir à notre enfance, mais Biskra est en lui en permanence, où qu'il soit. « Je n'ai pas besoin de revenir à Biskra puisqu'elle ne m'a jamais quitté.»

 

La nostalgie de l'auteur est constamment présente au long de ces pages, mais elle est douce, sans amertume. Au lieu de l'amener à se replier sur lui-même et à ressasser les souvenirs d'un monde disparu, elle le conduit au contraire à rêver de retrouvailles franco-algériennes, d'un réveil franco-algérien, utopique et réaliste à la fois, pour inventer un futur de prospérité commun à ces peuples des deux rives de la Méditerranée, 90 millions de Français et d'Algériens. Idée ancienne ! Jamais concrétisée. Aucune des conditions n'est aujourd'hui réunie pour cela ? Chaque initiative nouvelle semble se perdre dans les sables ? Cela n'arrête pas PPB, qui puise dans son enfance la force d'y croire, et de la proposer. Et on sent que ce rêveur est tenace, peut-être visionnaire...

 

 Source : Nouvel Observateur

H. V.
Ancien ministre des Affaires étrangères et ex-secrétaire général de l'Elysée.

 

« Ô Biskra, une enfance algérienne », par Pierre-Philippe Barkats,
préface de Tahar Ben Jelloun, Balland, 272 p., 22 euros

 
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