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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 07:50

 

le-laurier-rose.jpgL’auteur du recueil de nouvelles Laurier rose, édité par la maison de la culture de Médéa et tiré à l’imprimerie Mauguin (Blida), nous raconte des bouts de vie comme il le ferait avec un ami, sans se gêner, ni faire dans le protocole. Ses mots, où l’aisance dans la formulation le dispute à l’insolence, partent dès le départ en réseaux de partage de connivence exercée, mais non dite. Il y a une correspondance intime entre les héros et le lecteur solitaire, où qu’il se trouve. Les histoires que raconte l’écrivain de Ksar El Boukhari, patrie du l’indémodable Boubagra et des deux frères repères du théâtre algérien, Mohamed et Abdelkader Ferrah, ne sont pas inventées, mais plutôt réinventées grâce à la puissance sereine de ce terroir qui nous parle, qui nous guide, qui nous inspire, mais qu’on ne sait pas toujours écouter, interroger dans ce qu’il a de plus  généreux, sa disponibilité. Il y dans le travail de Mohamed Bourahla d’exquises métaphores langagières puisées de chez nous, mais aussi de redoutables et redoutées vérités sur nos us et coutumes dévoyées, nos comportements frelatés. Témoin de son temps, il sait appuyer sur l’instantané pour dire l’épaisseur de son temps.

En termes vifs, assez régulièrement en termes tranchants, toujours en face à face. Néanmoins, il faut préciser que l’homme de lettres ne fait pas dans la morale. A la fois tendre et original, il ne se met jamais dans la posture du donneur de leçons qui sait tout, qui se situe au-dessus de la mêlée, qui n’est là que pour questionner la mêlée. Le coucheur de lignes inspiré qu’il constate se révolte ici et là, s’exprime de manière loufoque ou véhémente, fait des mises au point à «la langue-véhicule», mais s’interdit de s’adosser à la bonne conscience. Ses nouvelles, qui, pour certaines, peuvent être aisément gonflées en roman, sont plus dans l’émotion que dégage le vécu immédiat que dans la leçon. Traversées de bout en bout par le doute, elles sont plus dans le fervent désir de découvrir que dans le recroquevillement ou encore l’absolutisme.

A la fois lucides et détachées, les répliques sont pleines de résonances réalistes, un réalisme rendu savoureux grâce à l’utilisation judicieuse d’un style chargé de référents culturels qui savent nous parler, nous interpeller, nous secouer. Et ce qui nous surprend le plus, c’est que les dix nouvelles contenues dans Le Laurier rose ne sont pas copiées les unes sur les autres. Certes, elles baignent toutes dans le même environnement, puisent éventuellement des mêmes mémoires descriptifs, donnent l’air d’être indissociables par moments, mais elles sont presque toutes autonomes dans la manière de rendre l’évènement, pour le développer, le mener au point final, le déchiffrer éventuellement.

Le récit, rebelle à un corsage éventuel préétabli, est toujours renouvelé, chaleureux, pour ne pas dire complice dans son rapport avec le lecteur. La manière d’écrire est dynamique, inscrite volontairement comme une sorte de tendre balise  pour se frayer son chemin, se situer, dire ce qu’on a à dire sans trop se prendre au sérieux, même si les problèmes exposés sont tout ce qu’il y a de plus sérieux. Le recueil est lisible, visible, son charme est prégnant dès le premier chapitre où l’écriture adoptée évite les grandiloquences verbales et les postulats rébarbatifs, et c’est cela l’essentiel pour nous qui avions eu la chance de lire simplement Le Laurier rose. Soulignons que Mohamed  Bourahla écrit dans les deux langues, arabe et français, et qu’il est, par ailleurs, auteur de deux autres ouvrages de fiction, Al-Khobz Wal Idam  et Le Pire des mots.

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 08:17

 

“Il était une fois, dans un pays lointain, un lion brun qui vivait dans forêt…” C’est avec une telle phrase qu’aurait pu commencer l’auteur Abdelkader Belarbi son livre de contes le Lion du Kimjar, paru aux éditions Dalimen Jeunesse. Le pays lointain n’est pas aussi loin que le laisse entendre cette phrase introductive, c’est l’Algérie, et c’est dans la région de Tagdempt (Tiaret) que l’auteur nous invite à découvrir la trame de ses différents récits.

Composé de 22 histoires, toutes appartenant à l’imaginaire local, Abdelkader Belarbi — médecin de profession exerçant à Tiaret, et qui n’est pas à sa première tentative livresque, puisque sa passion est l’écriture de petits contes pour enfants — revisite les histoires et autres légendes que les vieilles personnes, entendre par là les grands-mères, tantes…, racontaient aux petits enfants. Parmi ces histoires, la Mare de la lionne, la Proie perdue, l’Ingratitude du lion, la Colline du lion, le Nouveau roi, le Lion et la Chine, le Lion et la Reinette, et bien d’autres aussi agréables qu’amusantes.

Ces récits ont pour personnage principal le lion, vivant dans la forêt avec les autres animaux. Ils parlent tous et ils réfléchissent. Chaque histoire de ce livre met en scène une situation. Courtes, écrites avec simplicité, dans la pure tradition de ce genre littéraire, elles entraînent le lecteur dans une spirale fantastique, mais ô combien réelle et véridique.

Car même si les 22 histoires rapportées par l’auteur, cet amoureux de fiction, appartiennent à la fiction, il n’en demeure pas moins qu’elles sont toutes empreintes de réalité. Ressemblant aux fables de La Fontaine, ces contes se terminent par une moralité, un conseil ou un avertissement pour le lecteur. Agréables, amusantes, les histoires du Lion du Kimjar, au-delà de ce côté divertissant, sont un travail de mémoire et d’histoire réalisé par Abdelkader Belarbi. Le volet mémoire consiste à recueillir toutes, ou presque, les histoires que lui racontait sa grand-mère paternelle quand il était enfant. Une grand-mère qui “excellait dans les contes animaliers” mais qui est partie très tôt. Il n’a pas eu le temps de tout retenir. C’est en creusant dans ses souvenirs qu’il a retrouvé des bribes de ces histoires. Des fragments qu’il reconstitue tel un puzzle, après moult recherches.

Le lion du Kimjar est une preuve, comme l’a constaté l’auteur, que le lion a bel et bien vécu au Maghreb et ce, d’une façon générale jusqu’en 1922. “Il s’agit du lion de l’Atlas ou le lion de Barbarie, qui vivait dans tout le Maghreb, différent du lion d’Afrique par sa grande taille et la couleur de sa crinière sombre, frisée et abondante”. Dans certains récits du livre, l’auteur l’avait appelé “le lion brun”, en référence aux descriptions susmentionnées.

Le Lion du Kimjar, éditions Dalimen Jeunesse, Alger, 2010. Prix 400 DA.

 

source : Liberté

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 08:18

 

 

Entre poupée de cire et poupée de son, l’auteur Bachir Mefti a opté pour Doumiat ennar (la poupée de feu), titre de son dernier roman paru aux éditions El Ikhtilef dont il est le responsable. Un délicieux roman fait d’intrigues, de douleurs et de mal-être profond à la découverte desquels il invite son lecteur, à travers la vie de Réda Chaouch, le héros du roman. Son personnage principal fait partie de ce genre de personnes mystérieuses dont on s’amuse à imaginer une vie téméraire et secrète. L’auteur raconte sa rencontre avec lui.
Il était jeune et curieux de découvrir Réda. Mais à sa grande déception, il ne réussira pas à percer son mystère jusqu’au jour où il reçoit un document de sa part. Ce document n’est autre que le récit de la vie de Réda Chaouch dont Bachir Mefti décide de faire un roman.
Réda est un jeune homme simple et avide de lecture. Fils d’un tortionnaire, il entretient des rapports très complexes avec ce père impitoyable. Tiraillé entre amour et haine, la seule certitude de Réda est qu’il ne veut pas ressembler à son père.  Hélas, le destin - les gènes ? - sera autre. Le jeune homme brûle d’amour pour Rania, sa voisine. Mais c’est un amour impossible. La fille ne partage pas les mêmes sentiments. Cette déception amoureuse tuera à jamais la personnalité idéaliste de Réda qui perd ses repères et ses certitudes. Dès lors, il entre dans le monde sombre et rejoint les hommes de l’ombre. L’histoire se déroule durant les années 1970.
Le décor n’est pas du tout gai, la pauvreté et la misère font le quotidien des Algériens. Pour survivre, il faut choisir son camp. Réda a tranché. Il est dans le camp des forts, quitte à écraser ses prochains.  Le jeune se retrouve plongé dans la boue jusqu’au cou et aura même un meurtre sur la conscience. L’ombre de son père est là. Le père et le fils se rejoignent. Réda qui redoutait tant cette ressemblance se retrouve face à une réalité pénible : son père était un homme, contrairement à lui.  Son histoire prendra par la suite des proportions dramatiques. Réda est seul. Il dort mal. Sa conscience est chargée. Mais elle ne l’empêche pas de gravir les échelons pour devenir un homme redoutable. C’est là que Rania, sa dulcinée dont il a détruit la vie, se pointe lui annonçant qu’il a un fils…  Un fils né d’un viol et qui, tout comme lui, voulant échapper à l’emprise d’un père impitoyable, a rejoint le maquis. Rania implore Réda de l’aider. Touché par cette requête et bouleversé par la nouvelle, Réda part à la recherche de son fils. La fin du roman sera un échange de coups de feu et un grand point d’interrogation.Ecrit en arabe, Doumiate Ennar dévoile un auteur mélancolique, qui décrit avec génie une vie en ruine. Cousu de mystères et de surprises, de violence, de sexe, d’alcool, de dépression profonde, ce roman reflète une véritable maturité et une grande maîtrise du sujet chez l’auteur. On notera également la présence dans le roman de l’éternelle dualité entre le bien et le mal, mais sans ces discours moralisateurs qui alourdissent l’idée. On relèvera également de l’audace dans le style littéraire de l’auteur.

 

Source : La tribune

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 08:11

 

tedjar.jpg

 

Présenté à la 15ème  édition du Salon international du livre Il était une fois, peut-être pas de l’auteur Akli Tadjer connaît actuellement un véritable succès auprès du public. Paru chez les éditions Apic, cet ouvrage conjugue avec justesse la fantaisie et la réalité. C’est l’histoire d’un papa poule qui voue un amour démesuré à son unique fille, Myriam. L’ayant élevé seule à Paris, Mohamed (le papa) s’est investi corps et âme dans l’éducation de sa fille qui ne rêve que de prendre le large. Après l’obtention de son bac, Myriam part s’installer à Toulon en intégrant une école de commerce maritime tout en poursuivant sa passion pour la voile. Seul au monde cette fois, Mohamed trouve refuge dans ses contes, des contes qu’il cogitait jadis pour sa fille. Il lui relate l’histoire de ses ancêtres, Awa, la confectionneuse d’éventails qu’il joint à Dey Hussein, mêlant ainsi l’histoire et la préhistoire en se permettant de créer tout un
univers des Mille et une nuits.  Myriam rend souvent visite à son père, mais cette fois, elle viendra accompagné de son «gus» comme Mohamed se plaît à le surnommer. Ce gus n’est autre qu’un Français de souche rejeté par ses parents à cause de sa Myriam (la fille arabe).  Cette dernière demande à son papa d’héberger son compagnon au chômage le temps de se dénicher un job. Mohamed, pas très enthousiaste, finit par céder et c’est là que commence à naître sa complicité avec Gaston «le gus». Entre-temps, Myriam semble avoir trouvé un nouveau compagnon à Toulon. Mohamed observe des changements chez sa fille (cheveux teints au henné, tenue vestimentaire orientale). Malik, son nouvel ami, n’est autre qu’un Arabe, étudiant en théologie qui aspire à devenir imam. Mohamed est choqué par le choix de sa fille et décide de la sauver. Mohamed doit ranger de côté ses contes et raconter la véritable histoire à sa fille, celle de sa maman. Ecrit avec tendresse, ce roman dévoile l’humour et l’humanité de l’auteur. Son personnage principal est peint d’une façon très réaliste avec ses qualités et ses défauts. L’auteur lui créera une échappatoire : l’évasion à travers les contes imaginaires. Akli Tadjer évoquera aussi d’autres sujets d’actualité comme l’homosexualité à travers le personnage de M. Blin. Entre racisme et intégration, une véritable réflexion est imposée dans cet ouvrage. On retrouve également un côté doux-amer dans la
constitution des contes de Mohamed et le roman. Le style de l’auteur est fluide et accessible. Une histoire intimiste et passionnante
qui pousse le lecteur à dévorer le roman.Rappelons que Il était une fois peut-être pas d’Akli Tadjer a reçu le prix «révélation littéraire 2009» et le livre est actuellement disponible au 15ème Sila.  

 

Source : La tribune

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 08:40

HAMID-GRINEPart ant de la polémique qui s’en est suivie entre les pour et les contre de la caravane pour Camus, l’été dernier, Hamid Grine en profile intelligemment pour en faire la trame de son nouveau roman, un Parfum d’absinthe, paru aux éditions Alpha Design. Indiscutablement, son œuvre la plus achevée et donc la plus mûrie.

 

 

 

Nabil est professeur de français dans un lycée comme il en existe des centaines et sa femme Warda est aussi dans l’enseignement. Juste pour vivre de livres et de discussions, entrecoupés de scènes de ménage comme il doit en exister au bout de trente ans de mariage. Le couple est uni  face aux aléas de la vie, solidaire pour l’éducation de leur deux enfants, et fidèle à l’idéal que les deux se sont forgés durant les années fac.

Tout se déclenche à la première phrase de la première page. “Mon père est mort…”. Cela ne vous rappelle rien, même si on vous dit que c’est l’été ? La nouvelle est tombée comme un couperet, mais accueillie par Nabil et “l’étranger” avec compassion, pour ne pas dire soulagement, comme pour se débarrasser d’un fardeau. Meursault a perdu sa mère. Nabil, son père…

L’annonce de Camus est plantée avant que le personnage ne fasse une longue route avec Nabil, qui part à la recherche de celui qui choisira sa mère avant la justice. Le passage par Tipasa est incontournable, d’autant que l’absinthe avec son odeur embaume ces lieux. Pour revenir à l’histoire, Nabil ne pleure pas la mort de son père, qui a été un vrai tyran durant sa vie et qui a empoisonné celle de sa mère jusqu’à la mener à la tombe.

Ce père décédé est presque une délivrance tant son ombre tutélaire est plus un encombrement malgré la richesse qu’il affiche, et une insulte à la mémoire de sa mère, vite remplacée par une autre épouse, qui aurait l’âge de sa fille, et avec laquelle il redevient un bois vert. Il est mort dans son lit dans les bras de Zineb, sa seconde femme, alors qu’il aurait dû mourir, les armes à la main comme les millions de martyrs qui ont offert leur vie pour délivrer le pays. Finalement, il ne serait que le sosie de son frère cadet qui lisse ses moustaches et court les femmes mais son père le cachait si bien. Et bien, non, et c’est à ce moment que le roman s’ébranle et que la trame, lâchement tissée, prend forme. Nabil, devenu principal héritier, apprend de la bouche de son oncle qu’il n’est ni le fils de son père hadj Saci et encore moins de sa mère Oum El Khir.

Ce n’est qu’un enfant que la famille a adopté. Pour preuve, c’est le seul, dans la famille à avoir les yeux verts. Son oncle, hadj Messaoud, lui assène encore cette autre vérité : il est le fils illégitime d’une algérienne, issue d’une famille aisée mais conservatrice, et d’un étranger qui habite le quartier de Belcourt, journaliste et écrivain. Pour le prof de français, le doute n’est pas permis. Serait-il le fils de Camus ? Ce prix Nobel, à la position hésitante sur les méfaits de la colonisation française, et qui tergiversait entre l’amour qu’il porte à sa mère et la commisération pour les Arabes ?

L’histoire s’emballe et l’auteur nous rappelle qu’il y avait un bouquiniste à la rue Didouche et un libraire un peu plus bas. L’un vivote et le second est en train de maintenir la place pour le livre dans un espace plus indiqué pour un fast-food. Par la force des dédicaces ventes. Nabil, au cours de ses recherches, est presque persuadé que son oncle dit vrai jusqu’à sa rencontre avec le combattant de première heure, Bazooka, qui n’a cessé de veiller sur lui, promesse faite à son père hadj Saci. Prenant prétexte, l’auteur nous réconcilie avec Camus qui n’était qu’un Français né et vivant en Algérie, dont le génie est indéniable et les conquêtes nombreuses.

Puis, il y a cette incursion de Sarah, sa collègue de lycée, qui lui ouvre les yeux sur la vie et la beauté pour lui crier jusqu’à le rendre sourd qu’il n’est pas “périmé”, à presque 60 ans, malgré ses pas d’éléphant. Hamid Grine vient de signer son meilleur livre avec une profondeur qui manquait aux précédents, une sincérité, preuve de maturité, et une amorce de débat sur l’engagement des intellectuels durant la guerre de Libération nationale.

 

Source : Liberté

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 09:44

 

«J’ai tant d’admiration pour Bettina qu'une deuxième édition revue et corrigée consacrée à ses œuvres et son parcours s’est imposée à moi, comme une évidence », nous a confié Taïeb Larak, l’auteur de Bettina Heinen-Ayech. La rencontre d’un peintre et d’un pays, un livre publié à compte d’auteur.
L’ouvrage se feuillette comme s’écoute un morceau de musique classique, ou encore comme se déroule une visite dans un musée d’art. Poèmes, couleurs chaudes, aquarelles… La vie de Bettina Heinen- Ayech, cette artiste peintre d’origine allemande (elle est née en 1937 à Solingen-Allemagne) se décline à travers ses œuvres, les unes plus belles que les autres. La Mahouna (Guelma), la ville où elle vit depuis 1963, l’a toujours subjuguée. Le nombre d'aquarelles qu’elle y a consacré le prouve : Les oliviers de la Mahouna(2001), La Mahouna en hiver (2000), La Mahouna dans la canicule (2007), Panorama de la Mahouna (1978)… Ces paysages exercent une grande fascination chez Bettina. Elle leur dédie un poème : «Ici je laboure les surfaces des montagnes comme un paysan. Chaque coin de la montagne et chaque olivier m'intéresse… Dans ce paysage, je ne désire jamais rien d’autre. Je m’y sens accomplie» (page 35). Une série de portraits réalisés à l’encre de Chine ou au fusain s’offrent au regard du lecteur. Abdelhamid Ayech, son mari, prend la pause. On le retrouve en kachabia bleue en 1965, puis 30 ans plus tard, dans la même tenue, en jaune cette fois-ci. L'aquarelliste écrit : «Mon modèle préféré est mon mari, Abdelhamid Ayech. Il est mon Algérie. Il est vrai qu’il n'aime pas poser comme modèle, et il ne l’accepte qu’une heure par jour…» Guelma, la ville d’adoption de la l’artiste, occupe une place de choix dans sa collection. «J’aime particulièrement Guelma aux heures avancées de l’après-midi. Je ressens la ville comme dans un rêve !» p. 33. Les fleurs ne sont pas en reste. Lilas, narcisses, coquelicots, roses, «oiseaux de paradis» et autres bouquets sauvages sont un vrai régal pour les yeux. Le désert, l’autre passion de cette artiste aux multiples talents. Les oasis d'El-Kantara, de Tolga, d'El- Oued, de Gharolaï ont été de belles sources d’inspiration. Cerise sur le gâteau, l’ouvrage s’achève sur un entretien accordé par l’aquarelliste à Taïeb Larak (ancien responsable de programmes au Goethe-institut d’Alger). Bettina peint depuis son enfance. Elle a vendu ses premiers tableaux à l’âge de 12 ans. Les premières œuvres, peintes sous l’influence de son maître principal Erwin Bowien, témoignent cependant d’une personnalité forte et d’une maturité précoce. Elle a exposé partout dans le monde et en Algérie.
Sabrinal
Bettina Heinen-Ayech,
la rencontre d’un peintre et d’un pays,
de Taïeb Larak, 2010, 1 500 DA.

 

Source : Le Soir d'Algérie

 

BIOGRAPHIE :

 

 

Bettina est née en 1937 à Solingen en Allemagne. Le père, Hans Heinen, était journaliste et poète.
Elle a commencé très tôt à peindre. Son premier et principal maître était l’artiste peintre Erwin Bowien (1899-1972), un ami de la famille Heinen.
Bettina a fait ses études de 1954 à 1958, à l’école des beaux-arts de Cologne, à l’académie des beaux arts de Munich et à l’académie royale de Copenhague (Danemark). En 1959 et 1962, le ministère de la culture Nordrhein Westfalen à Düsseldorf, lui a accordé deux bourses successives qui lui ont permis de voyager.

Première exposition individuelle à l’âge de 17 ans à Bad Homburg. Elle fait, par la suite, 87 autres expositions individuelles à Copenhague, Hambourg, Berlin, Hagen, Duisbourg, Düsseldorf, Cologne, Bonn, Frankfort, Würzburg, Munich, Berne (Suisse) Paris, Vienne, Alger, Rabat, Casablanca, Tunis, Le Caire, Damas, Alep, Elle a aussi participé à beaucoup d’expositions collectives en Afrique du Nord, en Europe et dans les pays arabes.

En février 1963, Bettina est venue avec son mari en Algérie, plus exactement à Guelma, ville natale de son mari, où elle est très impressionnée par la beauté de la nature qu’elle peint maintenant depuis 47 années, et qu'elle a montrée dans toutes ses expositions. Elle obtient, en 1976, le grand prix de la ville d’Alger ; en 1993, le prix " Kurt Baden" à Solingen et elle a été en 2003, 2006 et 2009 honorée par Madame Khalida Toumi, Ministre de la culture.

En 1976, Bettina crée le cercle des amis d’Erwin Bowien au Deutsches Klingenmuseum à Solingen, en hommage à son maître principal.

 

 

Les Musées qui britent ses oeuvres :

  • Musée national des beaux- Arts d’Alger
  • Musée d’Art Baden à Solingen, Allemagne
  • Ministère de la Culture de Nordrhein Westfalen à Düsseldorf, Allemagne
  • Musée des Beaux-arts à Husum, Allemagne
  • Musée Régional de Springe, Allemagne
  • Maison de la Culture (Ibn Khaldoun) à Tunis
  • Galerie Samson, ville d’Alger
  • Musée National de Damas, Syrie.
  • Diverses autres institutions en Europe et au Maghreb ont également des œuvres de Bettina.
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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 09:41

slim.jpgMême si on ne dit plus «ici c’est mieux que là-bas», on dit toujours qu’avant c’était mieux qu’aujourd’hui. En tout cas, Avant, c’était mieux est le titre du nouveau livre de Slim.
«Avant, c’était mieux. C’est un sujet qui revient souvent dans les discussions en Algérie, chez les anciens comme chez les jeunes qui n’ont pas connu cet avant. L’âge d’or du bon vieux temps ! Les belles années d’antan ! On croirait entendre un conte : kan ya makan fi qadim azamane, il était une fois… ! » écrit le caricaturiste dans la préambule de son ouvrage. La majorité des planches de l’album viennent de la série dessinée entre 2008 et 2010 pour le bimensuel le Cap. Avant, c’était vraiment mieux qu’aujourd’hui ? La réponse du «père» de Zina et Bouzid, lui- même, est nuancée : tous les peuples de la terre disent la même chose que nous et, dans ce cas, mieux vaut rire aujourd’hui de ce présent qui, un jour, deviendra un passé «mieux». Dès la première caricature, Slim donne le ton (temps) : «Avant, les Algériens riches avaient honte de montrer qu’ils étaient riches… Maintenant, du haut de leur 4x4, ils font des bras d’honneur aux pauvres entassés dans les J9.» Un «3e mandat», c’est pas de la rigolade, surtout avec le temps qu’il faudrait passer à la poste pour remplir trois mandats et les envoyer à votre mère ou à votre père au bled. Mais, diriez- vous, «c’est normal !». Ceci, nous rappelle Slim, est la réponse normale de tout Algérien normal. «Normal est le mot le plus utilisé en Algérie. Si on vous pose n’importe quelle question, dites simplement : normal ! et vous verrez que votre interlocuteur est satisfait de votre réponse. Normal est un mot magique, c’est un véritable joker. On peut tout y mettre dedans et ça marche.» 2010, et Slim a raison, est l’année du «foot à gogo». Ainsi en Angola, il y a eu la phase finale de la CAN. Ailleurs. Ailleurs, nous avons entendu le «yes we can» de Barack Obama. Les Parisiens, eux, ont toujours eu le french «can can». Dans les années à venir, les gens vont raconter à leurs enfants : « Can ya macan fi qadim ez’zamane ! » Ameziane Ferhani fait remarquer que Slim (avant 1988) s’appuyait sur «les maux sociaux» pour développer dans ses caricatures ou ses planches «une expression en tiroirs et en miroirs». De cette manière, «il laissait les gens ouvrir les uns et se refléter dans les autres et, ainsi, derrière une situation quotidienne, il libérait des flots de conscience sociale, voire politique». C’était, donc, la belle époque de (l’officiel) «tout va bien et le premier qui dit le contraire sera poursuivi pour tentative de porter atteinte à la Révolution». C’est triste de le dire, mais «l’impérialisme a gagné finalement en injectant à la patrie les trois plaies du deuxième millénaire : la parabole, l’interent et le téléphone portable», comme le déplore le caporal chef Mâmmar Mousseux, cité par Slim. Après la belle époque sont venues les années folles qui nous font dire (et croire) : «Avant, c’était mieux.» Une douzaine d’autres albums de Slim sont déjà parus chez la Sned, l’Enag, le Seuil, Tartamudo ou l’Harmattan, notamment la série Zid ya Bouzid, Il était une fois rien, Retour d’Ahuristan et L’Algérie comme si vous y étiez.

 

 Source :  Le Soir d'Algérie

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 08:31

olympe des infortunesVivre dans une décharge, en dehors de la ville car celle-ci n’accepte pas n’importe qui, voilà le destin de Junior, Ach le Borgne, Bliss, Haroun le Sourd, le Pacha… personnages aux personnalités marquées, dominatrices ou soumises. Ils n’ont rien ou si peu, ils se soutiennent, se détestent parfois, se disputent mais la solidarité l’emporte toujours dans les moments les plus durs. Ils se doivent de garder un équilibre qui garantit la paix dans ce lieu où pour que la police les laisse tranquilles mieux vaut ne pas se faire remarquer.

Daniel Apruz, Jean Vautrin ou Joël Egloff ont écrit aussi sur ces lieux où se regroupent les rejetés de la société. Yasmina Khadra crée ici un univers en dehors de tout et si proche aussi. L’amour s’y retrouve, la nécessité d’avoir un lieu à soi, de l’aménager, d’être reconnu par les autres.

Comment passe-t-on de la ville à la décharge ? Est-il possible de quitter la décharge pour retourner vivre en ville ? Est-ce souhaitable ? Où se situe le bonheur ? Voilà beaucoup de questions que les personnages se posent...

« – Oui, sauf que je les connais par cœur, tes histoires. Elles sont anciennes et elles changent pas. Ben Adam, il te raconte jamais la même chose. Et puis, y a pas que ça. Ben Adam, il dit des trucs qui te font du bien. Par exemple, il dit que c'est facile de se reconstruire. Je vois pas le rapport avec nous et les maisons, mais ça te fait plaisir d'entendre ça. Il dit que le terrain vague, c'est naze. J'suis pas obligé de le croire, mais ça te change de ce qu'on te bassine depuis des années. Il dit qu'un homme doit se relever quand il tombe. Bien sûr que c'est idiot. Quand je glisse, je me relève. C'est naturel. Mais il le dit avec tellement de panache qu'on passe l'éponge sur le ridicule. Et puis, est-ce que tu sais ce qu'est une femme, Ach ? Eh bien, lui, il sait. Et s'il n'a rien voulu me dire, c'est parce que c'est à moi, et à moi seul, de trouver la réponse. Et quand j'aurai la réponse, j'aurai tout compris.
– Tu auras compris quoi ?
– Comment le savoir puisque j'ai pas encore la réponse.
Ach n'ajoute mot. Ce qu'il redoutait est en train de s'opérer, là, sous ses yeux : Junior est en passe de lui échapper. Déjà, il ne lui obéit plus, lui préférant les sornettes de l'autre. À cette allure, il pourrait remettre en question ce qu'il lui enseigne depuis qu'il l'a adopté.
»

Ils dénoncent aussi l’inhumanité du monde dit "civilisé" qui n’hésite pas à emprisonner, à exploiter ceux qui sont différents et qui les gênent. Le thème du livre, les personnages et leurs réflexions rendent ce roman passionnant.

Brigitte Aubonnet

Source : Encres Vagabondes 

 

 Biographie
khadraYasmina Khadra est un romancier algérien de langue française. Salué dans le monde entier comme un écrivain majeur, il est l’auteur, entre autres, de Cousine K (prix de la Société des gens de lettres), La Part du mort (Prix du meilleur polar francophone), Les Hirondelles de Kaboul (Newsweek Award ; Prix des libraires algériens), L’Attentat (Prix des libraires 2006) et de Ce que le jour doit à la nuit, best-seller de l’année 2008. Son œuvre est traduite dans trente-huit pays.  

 

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 19:38

fatima-Bakhai.jpgLa Femme du caïd est le titre d’un ouvrage de Fatéma Bakhaï paru aux éditions Dar El-Gharb. Dans ce livre de 248 pages, l’auteur relate dans un style romanesque la situation de la femme algérienne au siècle dernier.
      C’est à travers l’histoire de la mère de Talia que l’auteur met en exergue l’endurance de la femme. «Elle avait envie de crier, d’insulter, de se jeter contre cet homme qu’elle haïssait, de lui faire mal, d’éteindre dans ses yeux cet air d’indifférence et de mépris mêlés, de briser toute cette arrogance de mâle frustré par la naissance successive de trois filles».
      Une réalité qui faisait souffrir la femme algérienne, et certaines étaient même divorcées pour un sort dont elles n’étaient pas responsables. Ecrit dans un style fluide, l’auteur situe l’action de cette histoire puisée dans la réalité de la campagne.
      Fatéma Bakhaï, qui s’est inspirée aussi de l’histoire de l’Algérie, nous plonge dans la période coloniale lointaine où se côtoyaient musulmans, chrétiens et juifs, mais les Algériens autochtones étaient marginalisés. «Après tant de luttes, tant de combats, les vaincus, épuisés, dispersés, humiliés, survivaient, hébétés de misère et de désespérance».
      A travers cette trame, Fatéma Bakhaï met l’accent sur l’instruction qui est le moteur pour l’émancipation de la femme, mais à cette époque, l’éducation de la femme était mal vue par la société. «Parce que l’école avait changé sa vie, il semblait à Talia que le monde entier avait changé.
      Les autres posaient sur elle un autre regard. Envieux, méprisant, agressif ou amical…». Mais puisqu’il s’agissait aussi du caïd, cet homme qui faisait la pluie et le beau temps simplement parce qu’il avait choisi le camp de l’envahisseur… «Le caïd, dans sa dernière maladie, avait pris le soin de mettre Talia à l’abri du besoin.
      Il savait que ses fils n’étaient pas hommes de la terre…». La Femme du caïd est aussi une page de mémoire qui peut rafraîchir la mémoire, une histoire qui relate certains faits de société qui se sont déroulés entre 1900 et 1954. Fatéma Bakhaï a publié plusieurs ouvrages, dont La Scaléa, Dounia, un oued pour la mémoire et des contes comme Histoire de la petite fleur bleue, les Contes de ma sœur Nadra, Histoire de la nature, et des essais tels que Oran et ses Hommes, Raconte-moi Oran et Oran face à la mémoire.
      La Femme du caïd est en quelque sorte un tableau sur la vie des gens modestes d’Oran où on retrouve la saveur du vécu justement restituée.

 

Source : Le jeune indépendant

 

Petite Biographie :

 

Née à Oran le 19 décembre 1949, l'auteur a quitté l'Algérie à l'âge de deux ans avec ses parents pour s'installer d'abord au Maroc puis en France en 1953.
C'est à Saint-Etienne qu'elle a passé toute son enfance et effectué ses études primaires. Rentrée en Algérie après l'indépendance, elle poursuit sa scolarité au lycée français d'Oran jusqu'au baccalauréat obtenu en 1967.
Parallèlement à des études de droit à l'université d'Oran, l'auteur a enseigné le français. Entre 1975 et 1981, elle a été magistrate au tribunal d'Oran.

Depuis 1981, elle exerce la profession d'avocate.

Fatima Bakhaï a aussi publié 

La scaléra ( 1993, l'Harmattan ),

Un oued pour la mémoire ( 1995, l'Harmattan )

 Dounia ( 1996, l'Harmattan )

Izuran ( 2005, Dar El Gharb )

Les enfants d'Ayye ( Dar el Gharb )

 

 

 

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 19:27

 

«Ce ne sont que des hommes», c’est d’abord une écriture polyphonique où les voix de Rafik, Houria, Mahmoud… se superposent, se répondent parfois pour dire leurs passions et sacrifices professionnels, mais aussi leurs déceptions, déboires et souffrances de «commis de l’Etat». C’est-à-dire des Hommes qui ne sont pas des «supermen» ou des héros mais seulement des hommes avec certes leur force de caractère, leur savoir, leurs compétences, mais aussi leurs faiblesses et leurs limites. Des Hommes qu’on appelle tantôt «cadres de la nation» tantôt «élite», «hauts fonctionnaires», «commis de l’Etat». Cet ouvrage est ensuite un témoignage. Celui de l’auteur qui, loin de tout récit autobiographique sans intérêt pour le lecteur, a entendu décrire la «condition» des cadres de la nation, malmenés, humiliés, marginalisés, emprisonnés, emportés par le «mal de l’Algérie qui ronge, oppresse, racle et tue celui qui en est atteint» depuis 1962. Pour avoir partagé les souffrances de certains d’entre eux, pour en avoir connu d’autres, l’auteur a voulu leur rendre hommage et dire comment le cadre algérien, «traqué», «pourchassé», poussé dans ses derniers retranchements, finit par tomber «parce qu’il n’est qu’un homme»…

 

 

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